Règle d’or, justice et vieilles éthiques

« Tu ne te vengeras point, ni ne conserveras de rancune contre les enfants de ton peuple, mais tu aimeras ton voisin comme toi-même » – Textes hébraïques

« Voici la somme du dharma: ne fait rien aux autres que tu ne voudrais pas qu’ils te fassent. » – Mahabharata

« Ce que tu ne souhaites pas pour toi-même, ne l’applique pas aux autres. » – Confucius

« J’agirai envers les autres comme j’agirais envers moi-même. » – Sutta Siglo-Vada

« Ce qui t’est détestable, ne le fais pas aux autres. » Rabbin Hillel

« Ne blesse personne qui ne t’a blessé. » – le Sermon d’Adieu

« Ne créez pas d’inimitié avec quiconque, car Dieu est en chacun. » – Arjan Devji

« N’inflige à aucune âme ce que tu ne souhaites pas te voir infligé, et ne dis pas ce que tu ne fais point. » Tablettes de Baha’u’llah


Chacun des textes cités ici correspond à une idée centrale bien précise dont Yeshua de Nazareth (aussi appelé Jesus par les Romains qui dirigeaient le monde à l’époque) a explicité le sens et les implications il y a un peu plus de 2000 ans. Quand ses disciples lui demandèrent comment distinguer ce qui est juste de ce qui est injuste, il leur dit simplement de respecter les Commandements, ou si c’est trop compliqué ou mal adapté, de suivre la Règle d’Or, plus courte: « Ne fais aux autres que ce que tu souhaitent qu’ils te fassent », qui est d’après lui le condensé de tous les enseignements des Prophètes et de la Loi Divine.

Avec cette simple phrase, tout le monde dispose d’un moyen simple de savoir ce qui est éthique. Comme le Rasoir d’Ockham permettant de distinguer entre deux explications laquelle est la plus probable, c’est le « Rasoir de Jésus »* qui permet de trancher entre action juste et action injuste, ou « l’épée de Jésus », ainsi que ce dernier l’appelle ouvertement dans Mathieu 10:34: « Ne croyez pas que je suis venu apporter la paix sur la Terre; je ne viens pas pour apporter la paix, mais l’épée. Car je suis venu pour dresser l’homme contre son père, et la fille contre sa mère, et la belle-fille contre sa belle-mère; et les ennemis de l’homme seront les membres de sa maisonnée. » En effet, la Règle d’Or, appliquée à des individus susceptibles de vivre tout en étant en désaccord entre eux, mène au conflit plutôt qu’à la paix, c’est d’ailleurs pour ça que Jesus est souvent considéré comme un prophète discordien. Ceux qui suivent la Règle et ceux qui ne la suivent pas finissent inévitablement par s’affronter violemment quand ils interagissent. Néanmoins il n’y a pas d’incohérence: la Règle d’Or indique simplement dans quelles circonstances l’usage de la violence est juste. Simplement, ceux qui ne respectent pas cette règle finissent forcément par faire usage injustifié de violence et donc à entraîner la légitime défense des autres (que ceux-ci respectent la règle ou non, d’ailleurs).

Notons au passage que, dans les textes bibliques, le sixième commandement n’est pas « Tu ne tueras point. », qui est une erreur de traduction, mais en fait « Tu n’assassineras pas. » On peut trouver la traduction correcte dans la Bible du Roi James (en vieil anglais) dans l’évangile selon Mathieu 19:18 (Jésus dit « Thou shalt do no murder. » soit « Tu ne commettras aucun meurtre. »). On peut aussi le trouver dans les nouvelles traductions internationales qui reflètent désormais le sens correct. Ainsi tuer en état de légitime défense n’est pas injuste, alors que tuer sans être menacé de mort est bien un acte proscrit.

Par contre la Règle d’Or n’indique pas pour autant ce que l’on doit faire: pour expliquer la différence entre ce qui est juste (l’ensemble des actions permises) et ce qu’il faut préférer faire (l’action à choisir parmi l’ensemble), Yeshua explique qu’il est « mieux » de ne pas augmenter le total de destruction en faisant à l’autre ce qu’il essaye de nous faire. C’est le sens de « tendre l’autre joue », qui consiste à renoncer à se venger, même en se limitant à ce qui est juste, car ça n’entraînerait que plus de dégâts au final. Il explique aussi dans toutes sortes de paraboles que ça marche dans l’autre sens, c’est à dire qu’il faut préférer les actions qui mènent au maximum de bonheur pour chacun.

Depuis, 2000 ans de philosophie et d’histoire nous ont ramené au même point, sauf que nous disposons maintenant de justifications théoriques, de masses considérables de données d’expérimentation sociale, et de termes techniques compliqués en « isme » et en « iste » pour expliquer et justifier plus en détail la Règle d’Or. Par exemple, la distinction entre juste et injuste expliquée ci-dessus est appelée l’éthique jusnaturaliste, et la préférence pour l’augmentation du bonheur de chacun s’appelle l’utilitarisme.

* Attention à ne pas se blesser avec.

À propos jesrad
Semi-esclave de la République Soviétique Socialiste Populaire de France.

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