Un nombre fini de singes
dimanche 28 mars 2021 Un commentaire
Il paraît que peu de gens arrivent vraiment à comprendre le concept de l’infini. Il y a une différence fondamentale de nature entre un nombre fini, même extrêmement grand, et l’infini proprement dit. Par exemple, on dit parfois qu’un nombre infini de singes tapant au hasard sur des machines à écrire finit inévitablement par reproduire l’intégrale des oeuvres de Shakespeare. Ce qu’on omet malheureusement, c’est qu’un nombre fini de singes peuvent aussi, théoriquement, parvenir à ce résultat, mais cela leur prend un temps infini. Ou encore, qu’une fois lesdites oeuvres reproduites, il faut un temps infini pour retrouver, parmi la masse (infinie aussi) de ces écrits à peu près aléatoires, la section précise que les reproduit exactement.
Shakespeare dans les cordes
Ce sont les réflexions qui me viennent quand j’entends parler de la convention citoyenne pour le climat. Ces 150 fiers singes citoyens, sélectionnés habilement parmi la masse des Français disposant d’un téléphone et pas assez d’instinct de préservation pour refuser un appel d’un numéro inconnu ou pour trouver moyen de ne pas se laisser embringuer dans une aventure promettant de leur bouffer plusieurs week-ends, et assise sur une légalité douteuse, auront bravement réussi, en un temps fini, à plagier le travail ordinaire de nos singes officiels parlementaires.
Imaginez ! Vous vous retrouvez propulsé dans une formation accélérée de maître du monde législateur de 7 week-ends, coaché de près par un panel d’experts (choisis expressément par le think tank Terra Nova) vous expliquant, en long et en large, mais surtout de travers, que la planète va très très mal, que des pays entiers sont sur le point d’être submergés sous les eaux du changement climatique, et que pour y remédier, il faut baisser l’émission moyenne en CO2 de chaque Français de plus de 11 tonnes à moins de 3 par an. Sous peine de fin du monde, avec illustrations éschatologiques et culpabilisation individuelle. Pas de pression.
Garbage In, Garbage Out
Lesdits citoyens sont donc pris en main par des hauts-fonctionnaires et conseillers ministériels (officiels et officieux, sélectionnés par la hiérarchie interne de partis politiques et leurs associations satellites, existant en périphérie et en parallèle des institutions constitutionnelles), pour garantir que les mesures colleront bien au format attendu: plus de réglementation, et celle-ci doit être fournie prête à voter en assemblée par une majorité aeuglément aux ordres de l’exécutif. Vous avez dit démocratie ?
Cette fabuleuse expérience aura a donc permis de confirmer que, oui, n’importe quel quidam pris au hasard peut s’improviser député ou sénateur au pied levé, sans que le résultat produit ne change en nature ou qualité. Et bénévolement, qui plus est ! La conclusion logique est laissée à l’appréciation du lecteur.
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