vendredi 12 septembre 2014
« Merci Pour ce Moment » est loin d’être la phrase à laquelle on pense en refermant le livre de Valérie Trierweiler. Sur la forme le livre est mal écrit, le rythme est haché, la formulation boiteuse, ça ressemble un peu à une espèce de sous-Duras mais sans les scènes érotiques. Deux petites citations suffiront à vous en donner une idée :
L’un des maîtres d’hôtel me glisse un paquet de mouchoirs. Mais c’est moi, le kleenex qui vient d’être jeté à l’instant.
J’aurais pu récupérer « l’aile Madame ». Au lieu de ça, j’en ai désormais deux : deux ailes pour reprendre mon envol.
Le fond est encore plus pénible que la forme : il est de notoriété publique que Valérie est une femme trompée, humiliée et profondément blessée : comment donc savoir quelle est la part de vérité dans le portait qu’elle dresse de François Hollande, son « bourreau » ? Il est impossible pour le lecteur de se plonger complètement dans le récit sans se poser la question de la véracité de ses dires, et on en apprend finalement plus sur elle que sur le Président.
Valérie s’y décrit avec force exemples comme une altruiste qui aide les pauvres, les handicapés, les femmes incarcérées, etc. C’est bien simple : pas une occasion dans son récit n’est perdue pour citer toutes les bonnes causes auxquelles elle a associé son nom et auxquelles elle continue de participer maintenant qu’elle a été chassée de l’Elysée, toutes ses associations n’ayant pas oublié le travail formidaaable qu’elle a fourni pour les aider durant ces vingts mois en tant que première dam dame, allant jusqu’à raconter comment elle a sauvé une femme du suicide ! Difficile de ne pas la trouver tout aussi narcissique que le François qu’elle dépeint !
En vingt mois passés à l’Élysée, mon meilleur souvenir reste d’ailleurs ma sortie à Cabourg avec… cinq mille enfants du Secours populaire.
Être aux côtés de ces petits Français ne m’empêche pas de voir au-delà de nos frontières, là où le drame et la violence s’ajoutent à la misère. Peu m’importe la nationalité d’un enfant qui souffre.
En même temps qu’elle décrit ses bonnes oeuvres, elle souligne, surligne, met en relief et fait remarquer avec insistance à quel point elle est fragile : ses deux seuls échappatoires semblent être de s’enfermer dans la première salle de bain venue ou de se gaver de somnifères ou d’anxiolytiques, c’est une telle récurrence dans son livre que c’en est risible. Elle se défend d’avoir aucune influence sur le président car « François n’est pas influençable » mais se contredit seulement quelque pages plus loin en notant qu’un simple article de presse peut lui faire changer d’avis.
La gifle est brutale : dès septembre 2012, François décroche dans les sondages. Il y voit une relation de cause à effet. Passant d’un extrême à l’autre, il décide de ne plus prendre de vacances, ni de week-end. Il est depuis des années sous perfusion médiatique et se laisse influencer par ce qui est écrit, dit, commenté.
François refuse de contrarier la presse même quand elle transforme des ragots en pseudo-scoops. Il voit les informations comme un fleuve qui charrie tout, le vrai et le faux, et qu’il ne sert à rien de vouloir endiguer. Il préfère sentir les courants et jouer avec eux.
Pour parvenir à ses fins évidentes de vengeance, Valérie a donc opté pour la technique classique de la femme généreuse et altruiste qui a été abusée : elle si pure et si douce, petite colombe sans défense, a été malmenée à outrance par François et son entourage ainsi que par les médias. Si ce qu’elle y raconte est vrai, on se demande pourquoi elle est restée si longtemps avec cet homme glacial et méchant.
L’ambiance le soir à l’Élysée est orageuse. J’ai droit à une nouvelle salve ininterrompue de critiques blessantes, jusque dans notre lit. Je n’en peux plus. Jamais de compliments, pas un mot d’encouragement, uniquement des reproches cruels. (…) En mai 2013, je décide de le quitter. Il est trop dur, je n’en peux plus de sa méchanceté. Je rentre rue Cauchy et lui interdis d’y revenir. Pendant trois semaines, nous ne nous voyons pas. Je pars les week-ends aux quatre coins de la France avec des amis. Mais je finis par revenir. Je suis droguée de lui.
Une femme âgée l’aborde dans la rue pour lui dire :
– Ne vous mariez pas avec Valérie, nous, on ne l’aime pas.
Ce n’est pas très délicat, mais c’est sa liberté. Sa flèche n’est rien à côté de l’éclat de rire de François…. Mon Dieu, comme je lui en ai voulu à cet instant ! Incapable, par lâcheté, de répondre par une phrase de soutien, un mot gentil d’esquive comme il sait si bien le faire.
Je me souviens d’un soir, au sortir d’un repas de Noël passé chez ma mère, à Angers, avec tous mes frères et sœurs, les conjoints, neveux et nièces, vingt-cinq personnes en tout. François se tourne vers moi, avec un petit rire de mépris et me jette :
– Elle n’est quand même pas jojo, la famille Massonneau…
Cette phrase est une gifle. Des mois plus tard, elle me brûle encore. Comment François peut-il dire cela de ma propre famille ?
La réponse est peut être aussi simple que cela : c’est une femme amoureuse, faible, « droguée de lui », incapable de préférer sa famille dont elle se dit si fière à cet homme qui la méprise – elle et les siens – ouvertement, une femme qui répond aux très nombreux SMS de son ex six mois après la rupture au lieu de leur opposer un silence assourdissant, et qui s’en ouvre dans son livre dans ce qu’on perçoit comme une tentative d’atteindre sa rivale, Julie Gayet. Cette femme n’a pas tourné la page, contrairement à ce qu’elle avance.
Je m’émerveille à chaque fois de le voir passer les troupes en revue au son des hymnes nationaux. Il peut bien avoir la cravate de travers, ça m’est égal, je mesure à chaque fois le chemin parcouru. Je le dévore des yeux. Je le vois comme dans un film, telle une spectatrice.
Nous venons de passer le pont Alexandre-III, quand je reçois un message de mon bourreau. Il vient d’actionner la guillotine et m’envoie un mot d’amour : « Je te demande pardon parce que je t’aime toujours. »
Aujourd’hui, je ne reconnais plus ce compagnon cassant dans l’homme qui me refait la cour comme au premier jour. (…) Le Président affairé, débordé et indifférent s’est métamorphosé en un Président attentionné, qui trouve le temps de lire ce qui me concerne, de m’écrire des dizaines de textos, y compris quand il conduit des réunions à l’Élysée. Quel paradoxe ! Je lui résiste, je retrouve une valeur marchande pour l’homme dont la conquête est le moteur.
Chaque jour, François me supplie de le voir, de tout recommencer comme avant. Chaque jour, il m’envoie des messages me disant qu’il m’aime, il propose que nous nous affichions ensemble. Je refuse toutes ses suggestions.
Mes journées s’écoulent lentement, rythmées par les SMS du Président, que je ne peux m’empêcher de lire. Un, trois, cinq. Et je finis par craquer. Je réponds à son dernier message. Il réagit aussitôt.
Au final, ce livre n’est qu’une longue plainte narcissique. Et elle est restée accrochée au statut, aux honneurs et aux largesses de la République jusqu’au bout malgré le mépris de son compagnon. On a envie de dire : assume, chérie !
Hollande en prend tout autant pour son grade. Elle fait de lui le portrait quotidien d’un sociopathe narcissique ordinaire et d’un gamin jaloux et impulsif.
Une fois de retour à l’Élysée, je dois insister plus de dix minutes auprès de lui pour qu’il accepte de changer de costume avant le déjeuner. Dire qu’il est trempé est un euphémisme. Il regimbe. Lorsque je lui dis que ce serait quand même dommage qu’il commence son quinquennat malade, il accepte enfin ma suggestion.
Une autre fois, alors qu’il trouve ma robe trop sexy, il m’ordonne : « Va te rhabiller, va te changer. » Je consens seulement à mettre une étole sur mes épaules dévoilées.
Pourtant, dès que la presse m’affuble d’un nouvel amant, ses messages sont d’une rare violence… Lorsqu’il me découvre en photo aux côtés d’un autre homme, il ose m’envoyer ce message : « Tout est fini entre nous. »
La décision durable n’existe pas chez lui.
Cette frénésie absorbe François et le perd. Il ne sait pas résister à un micro qui se tend, une caméra qui se pointe sur lui, en attente d’une formule ou d’un bon mot. Miroir, mon beau miroir… Combien de fois l’ai-je vu massacrer « une séquence politique » réussie parce qu’il répondait ensuite à des questions hors sujet, hors contexte, mal filmé, dans un coin sombre, au milieu d’une forêt de micros. Je me rappelle un jour d’une scène désolante à Moscou. Son équipe lui explique qu’il ne doit faire aucune déclaration avant sa rencontre avec Poutine. Il répond : « Évidemment non », avant de se précipiter dix minutes plus tard vers les caméras !
Cet homme qui ne veut pas partager la lumière
En filigrane on comprend que celui-ci n’a guère d’autre passion que celle de se sentir supérieurement admiré et adulé.
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