Mieux qu’un snickers !

Il roulait de nuit. Sa femme dormait sur le siège passager, et à l’arrière ses deux jeunes enfants faisaient de même. Il n’était pas fatigué et appréciait le calme qui régnait dans la voiture. Plus de « quand est-ce qu’on arrive ? » répétitif, plus de reproches de sa femme. Il était enfin seul maître à bord, tranquille. Mais la faim commençait à se faire sentir et la prochaine aire d’autoroute était annoncée dans quelques kilomètres. Il décida de s’y arrêter pour y acheter quelque chose à grignoter.

A peine était-il garé que sa femme ouvrit un oeil… « Pourquoi on est-arrêtés ? » dit-elle d’une voix fatiguée. « Il faut que je fasse une pause pipi, rendors-toi je n’en ai pas pour longtemps ». Le parking était désert, il sorti de sa voiture et se dirigea vers la petite boutique accolée à la station service. Il n’avouerait certainement pas à sa femme qu’il allait s’offrir un petit en-cas alors qu’elle lui reprochait régulièrement de ne pas faire attention à sa ligne. Une fois dans la boutique il choisit un snickers sur un rayonnage et se dirigea vers la caisse où une femme entre deux âges et un peu ronde l’accueillit avec un large sourire. « Bonsoir, c’est tout ce que vous prenez ? » Sans réfléchir, il lui répondit « Oui, je n’ai pas vu de meilleure vie dans votre magasin, alors je me contenterai du snickers ». Il l’avait dit sur le ton de la plaisanterie, mais elle le regarda droit dans les yeux très sérieusement : « Ce n’est pas dans mes attributions. Je ne peux que te donner du plaisir, pas revenir dans le temps ».

Cette réponse le cloua sur place et il ne pu rien répondre. Elle avait fait le tour du comptoir et l’avait pris par les épaules : « Je sais ce qu’il te manque, Alex, et ce n’est pas ce que tu crois ». Comment connaissait-elle son prénom ? Il essaya de se remémorer les deux dernières minutes, il ne l’avait pas mentionné et il avait plus une tête à s’appeler Stéphane, elle n’avait pas pu simplement deviner… » Elle avait maintenant sa bouche sur la sienne et elle l’embrassait tendrement. Son baiser était doux et aimant, il sentit son coeur fondre. Elle avait raison : elle savait ce dont il avait besoin, il s’abandonna dans ses bras et lui rendit son baiser passionnément. Il s’en arracha presque à regret pour lui demander comment elle connaissait son prénom. Elle sourit : « Il est sur mon ordre de mission, je suis Aphrodite ». En disant cela elle avait déboutonné sa chemisette et s’attaquait à son pantalon. Elle reprit son baiser et il s’abandonna dans ses bras à nouveau. Il avait tellement besoin d’amour et de caresses que finalement peu lui importait qui était cette inconnue. Elle lui offrait ce dont il avait besoin, ce que sa femme lui refusait par manque de temps et par habitude : de la tendresse et de l’amour.

Il tenta de lui rendre ce qu’elle lui donnait, lui caressa maladroitement les seins et se rendit compte que lui non plus n’était pas le plus attentionné des amants. Contrairement à sa femme, Aphrodite montra qu’elle appréciait ses efforts, ce qui l’encouragea à poursuivre. Il remonta sa jupe et caressa ses fesses charnues avec force tandis que leurs bouches restaient collées ensemble dans un baiser passionné. Il aimait sentir sa peau sous ses mains, il aimait ses rondeurs rassurantes. Il sentait une tension agréable dans son entrejambe et son coeur battait la chamade, elle était appuyée contre le comptoir, offerte. Il n’hésita pas, la pénétra entièrement et resta comme ça un moment, savourant la douceur de son intimité. Après quelques mouvements amples, il la sentit se contracter autour de lui en rythme saccadé et elle rompit le baiser pour reprendre sa respiration. « Je peux t’offrir plus », lui dit-elle en s’arrachant à lui. Elle se retourna et cambra les reins. Il n’en croyait pas ses yeux, sa femme lui avait toujours refusé ce fantasme et voilà qu’il lui était offert sur un plateau par une inconnue ! Excité comme jamais il ne l’avait été, il la posséda complètement sans attendre et  jouit en peu de temps.

Ils se rajustèrent. Il se sentait un peu honteux d’avoir cédé aussi facilement à la tentation alors que sa femme dormait dans la voiture à quelques mètres de là, mais en même temps il avait l’impression d’être enfin entier et vivant, d’avoir enfin l’espace d’un moment comblé son besoin d’affection. Aphrodite le sorti de ses pensées : « mission accomplie » dit-elle d’une voix douce avec un grand sourire, puis elle se volatilisa sous ses yeux ébahis. A l’arrière du magasin, la porte de service s’ouvrit et un jeune serveur en sorti « qu’est ce qu’il vous fallait ? » Alex répondit que non, il n’avait besoin de rien, bonne soirée, au revoir, et sorti sans son snickers. Quand il rejoignit sa voiture, sa femme et ses enfants dormaient à poings fermés.

Science et politique: une fable

Texte original d’Eliezer Yudkowski.

A l’époque de l’Empire Romain, la vie civile fut divisée entre les camps des Verts et des Bleus. Les Bleus et les Verts s’entretuaient en duels, dans des embuscades, dans des batailles rangées, dans des émeutes. Procopius disait de ces camps: « Il croît en eux pour leur prochain une hostilité qui n’a pas de cause, et qui ne s’interrompt ni disparaît à aucun moment, car elle ne laisse de place ni aux liens du mariage ni des relations ni de l’amitié, quand bien même ceux qui s’opposent sur ces couleurs seraient frères ou parents. » Edward Gibbon écrivait: « Le soutien à une des factions devint un passage obligé pour tout candidat aux honneurs civils ou ecclésiastiques. »

Qui donc étaient ces Verts et ces Bleus ?
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Sushis et mal-investissements

(Traduction et adaptation d’une partie d’un article de Robert Murphy, du Mises Institute au sujet de la critique que Paul Krugman a fait de la théorie du cycle d’affaires de l’école autrichienne d’économie, et qui présente de manière ludique comment une baisse artificielle des taux d’intérêts entraîne une augmentation artificielle et virtuelle de richesse, puis une baisse brutale de richesse lorsque cette « bulle » éclate, baisse plus importante que la hausse induite à cause de la consommation du capital.)

Imaginons une île hypothétique où vivent 100 personnes, où toute l’activité économique est tournée vers la production de rouleaux de suhis (maki).
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1929, année de vaches mortes

La ressemblance entre la crise financière actuelle et celle qui s’est produite en 1929 mérite que l’on revienne sur les faits et gestes qui ont mené à la Grande Dépression à cette époque. Montons dans la machine à remonter le temps… Pour éclaircir tout ça et bien comprendre, je vous mets un parallèle fermier en italique.

1863: l’état fédéral américain a besoin de sous pour financer sa guerre civile contre les confédérés. Il produit donc des bons, avec une valeur faciale inscrite dessus.
Manquant de foin pour nourrir ses vaches, le fermier Onc’ Sam signe des reconnaissances de dette de foin et fait la quête chez ses voisins.

1864: Comme cette création monétaire purement « fiat » entraîne la dévaluation immédiate de ces bons, qui finissent par s’échanger à la moitié seulement de leur valeur faciale, l’état fédéral oblige les banques par la force à interchanger leurs billets et bons à leur valeur faciale.
Les voisins de Sam donnent moins de foin contre les reconnaissances de dette de Sam que la quantité dûe en retour spécifiée dessus. Il se fâche.
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Jésus V.S. Satan, le deal

Jésus dit à ses disciples: « Comparez-moi à quelque chose, et dites-moi à quoi je ressemble. » Alors ils lui répondirent: « Tu es la manifestation eschatologique du fondement de l’être, le principe ontologique du contexte de notre soi révélé. » Et Jésus dit: « Hein ? »

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L’expérience du tabouret de bar

La philosophie, c’est un peu comme la masturbation: ça n’accomplit pas grand chose, et ça ne sert à rien de savoir le faire mieux que d’autres ; mais ça fait du bien et c’est pour ça qu’on le fait.
 
L’intelligence nous permet de construire des bombes atomiques, tandis que la sagesse nous permet de réaliser qu’on n’en a pas l’usage.

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De la vacuité moderne

Ne faites pas qu’affirmer votre droit à l’erreur – exercez-le !
 
Pendant que vous jouiez les poseurs, de vrais discordiens se sont engagés dans la Police pour pouvoir rouler à 160 partout où ils vont, pour mener eux-même l’enquête sur leurs propres graffitis subversifs et pour causer toutes sortes de confusion.
 
Et pourtant tout le monde veut respirer, et personne ne le peut. Alors beaucoup disent « Nous respirerons plus tard ». Et la plupart d’entre eux ne meurent pas, parce qu’ils étaient déjà morts.

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La parabole du Mardi

Aujourd’hui c’est mardi, alors comme chaque Mardi il y a réunion du Culte du Roi du Mardi. Lire la suite

Prisonniers partout – partie 10

Luc avança jusqu’à une dizaine de mètres des personnes qui lui étaient visibles, puis actionna à nouveau son appareil, et un nouveau pan de la foule s’évanouit dans l’air devant lui. Il progressa ainsi par étapes jusqu’aux grilles du palais, et n’eut qu’à attendre quelques secondes pour que celles-ci s’évaporent à leur tour lorsque l’un ou l’autre des gardiens qu’il avait isolés dans un univers parallèle du sien les maneuvra pour laisser entrer ou sortir quelque personnalité autorisée. Il lui restait six minutes. C’était tellement facile – il se dit qu’en fin de compte il aurait plus de mal à trouver la bonne salle qu’à déjouer les mesures de sécurité !
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Prisonniers partout – partie 9

Les choses allaient mal pour Régis Lesuaire, directeur de cabinet du ministre de l’Intérieur que l’appétit avait poussé à se compromettre dans une opération qui s’était avérée trop sensible pour lui. Le rapport de son équipe d’intervention ne présageait rien de bon: à présent sa cible était armée et très probablement disposée à tuer pour se défendre. Il lui fallait prendre toutes les dispositions possibles pour empêcher cet échec de l’éclabousser, ce qui impliquait de terminer le travail une bonne fois pour toutes, et vite. Régler les conséquences de la mort du policier venait immédiatement après. Ou alors… Lire la suite

Prisonniers partout – partie 8

Luc vérifia la charge des batteries en approchant de la maison. Il avait vécu là avec ses parents et sa jeune soeur pendant presque vingt ans, avant de partir s’installer dans ce qui constituait plus un laboratoire qu’un appartement. Il faisait quasiment nuit: c’était la première fois qu’il sortait de sa cachette depuis qu’il avait trouvé refuge chez Serge, et il s’était dit que l’obscurité l’aiderait à passer à travers l’inévitable surcroît de surveillance dans les environs. But de l’expédition: obtenir des informations, peut-être aussi en donner.
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Prisonniers partout – partie 7

Cela faisait trois jours que Luc avait échappé si étrangement au service d’ordre de la prison. Trois jours qu’il avait mis à profit pour réparer, miniaturiser, compléter et améliorer son appareil. Malheureusement, il n’avait pas réussi à joindre sa famille et ignorait ce qui lui était arrivé. Lire la suite