Le jardinier libéral et le jardinier keynésien

Le jardinier libéral, pour avoir un arbre sur son terrain, plante une graine et l’arrose régulièrement et prend soin de la petite pousse jusqu’à ce qu’elle soit grande.

Le jardinier keynésien, pour avoir un arbre sur son terrain, fait un trou (qu’il appelle plan de dépenses) et y plante un arbrisseau, directement. Puis, pour se débarrasser de la terre du trou (la dette), il creuse un second trou un peu plus grand (le plan de relance) pour y mettre la terre du premier. Puis, pour se débarrasser de la terre du second trou, il creuse un troisième trou un peu plus grand encore (le second plan de relance révisé). Puis, pour se débarrasser de la terre du troisième trou, il en creuse un quatrième encore un peu plus grand. Il continue comme ça jusqu’à ce que l’arbrisseau se soit étiolé faute de soin et que le terrain ressemble à un champ de bataille. Après quoi il blâme le jardinier libéral de ne pas l’avoir aidé et l’accuse de « dumping horticole ».

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Semi-esclave de la République Soviétique Socialiste Populaire de France.

5 Responses to Le jardinier libéral et le jardinier keynésien

  1. Bertrand Monvoisin says:

    Imaginons deux paysans dans la Russie impériale du début du XXième siècle : Piotr et Pavel. Piotr et Pavel disposent des mêmes superficies agricoles, de terres d’une semblable qualité, d’outils et de cheptels parfaitement identiques au départ de notre histoire.

    Piotr travail amoureusement sa terre, il laboure, sème, récolte, soigne son cheptel, entretient et répare ses outils. Avec ses revenus il achète d’autres terres avoisinantes et de nouvelles têtes de bétail, diversifie sa production, essaie de nouvelles variétés de grains, fait vacciner son troupeau… par son labeur il devient riche.

    Pavel lui est un noceur il passe son temps entre le café et le bordel. Quand il rentre chez lui le soir il tabasse copieusement sa femme en lui reprochant de ne pas pouvoir faire tourner seule la ferme. Ses vaches crèvent les unes après les autres, les récoltes sont maigres et l’outillage laissé à l’abandon est dans un état déplorable.

    Sur ces entrefaites arrive l’impensable : la révolution bolchevique. Pavel se fait élire chef du soviet du village par ses camarades de beuveries et accuse Piotr d’être un accapareur, un vampire, un capitaliste qui boit la sueur des prolétaires et le fait arrêter et déporter comme Koulak (tous les autres propriétaires besogneux sont aussi déportés). La terre est collectivisée et les rendement agricoles chutent aussitôt, le village jadis opulent s’enfonce dans la misère. Pavel prend une mesure radicale et fait fusiller la moitié de la population du village, car la diminution des rendements agricoles ne peuvent être que le résultat d’un complôt réactionnaire.

  2. jesrad says:

    Ce serait drôle, si ce n’était une histoire vraie…

  3. Bertrand Monvoisin says:

    Après son dur labeur effectué dans l’intérêt supérieur du peuple (selon la définition léniniste) Pavel ira soigner sa cyrrhose (provoquée par les marchands de produits alcoolisés véreux et les publicitaires cupides) dans une datcha qui lui est attribuée par le « peuple », un personnel nombreux et docile (l’aller simple en Sibérie est une option ouverte en cas de non-docilité) est mis à son service. Une des formules de malédiction en usage en URSS était : « qu’il vive de son salaire ! »

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