1929, année de vaches mortes

La ressemblance entre la crise financière actuelle et celle qui s’est produite en 1929 mérite que l’on revienne sur les faits et gestes qui ont mené à la Grande Dépression à cette époque. Montons dans la machine à remonter le temps… Pour éclaircir tout ça et bien comprendre, je vous mets un parallèle fermier en italique.

1863: l’état fédéral américain a besoin de sous pour financer sa guerre civile contre les confédérés. Il produit donc des bons, avec une valeur faciale inscrite dessus.
Manquant de foin pour nourrir ses vaches, le fermier Onc’ Sam signe des reconnaissances de dette de foin et fait la quête chez ses voisins.

1864: Comme cette création monétaire purement « fiat » entraîne la dévaluation immédiate de ces bons, qui finissent par s’échanger à la moitié seulement de leur valeur faciale, l’état fédéral oblige les banques par la force à interchanger leurs billets et bons à leur valeur faciale.
Les voisins de Sam donnent moins de foin contre les reconnaissances de dette de Sam que la quantité dûe en retour spécifiée dessus. Il se fâche.

1865: Comme toutes les banques se mettent à produire des bons et billets aussi pourris que ceux de l’état fédéral, celui-ci taxe à mort tous les bons et billets autres que les siens et établit des banques nationales pour remplacer les banques d’état dans la gestion de ce qui constitue dès lors une monnaie unique nationale.
Les voisins de Sam s’échangent désormais des reconnaissances de dettes de foin où la quantité de foin dûe est grossièrement surévaluée par rapport à celle qu’ils stockent vraiment dans leur grange, pour contourner les règles de Sam. Sam brûle toute les reconnaissances de dette de foin des autres, et oblige toutes les dettes de foin à être signées par lui.

1913: Sous la pression de grands banquiers (Morgan, Rockefeller) et de grands hommes d’affaires qui découvraient à leur dépens que la compétition dans un marché libre remet perpétuellement en cause leur situation, le mouvement anti-concurrence réclamant entre autres choses une banque centrale unique pour gérer la monnaie unique obtient gain de cause: la FED est créée.
Sam vide partiellement les granges des autres pour remplir une grande qu’il vient de faire construire, les émissions de reconnaissances de dette de foin se font désormais sous la direction d’un seul type choisi par Sam. Toutes les autres granges ne sont à présent plus que des tampons entre sa grande Grange Centrale et les vaches.

1918-1921: L’état fédéral s’est encore endetté, cette fois auprès de l’étranger principalement plutôt qu’auprès des citoyens américains échaudés, pour financer son effort de guerre (1914-1918). Les pensions des vétérans pèsent comme un âne mort sur le budget. Ces faits entament la confiance des investisseurs (principalement… d’autres états !) qui soutiennent l’état fédéral américain, entraînant une crise monétaire d’une ampleur jamais vue. Le gouvernement US ne fait strictement rien et le marché rééquilibre tout aussi vite que la crise est apparue.
Après avoir nourri ses vaches à crédit tout l’hiver, les dettes de foin de Sam perdent de leur valeur pour ses voisins, qui n’en veulent presque plus. Onc’ Sam hausse les épaules et fait avec. Des vaches achetées en trop meurent de faim l’hiver suivant puis l’activité reprend comme avant.

1925: Les USA et le Royaume-Uni rétablissent le système de change international basé sur l’or… en imposant les taux d’avant la guerre, qui surévaluent grossièrement la Livre. Pour empêcher l’or de fuir l’Angleterre vers les USA (mouvement naturel de libre-échange), et pour protéger les intérêts de J.P. Morgan (qui avait fourni le matériel de guerre et donc possédait plein de dettes européennes: il ne voulait pas que ce papier perde toute sa valeur) Benjamin Strong, gouverneur de la FED depuis sa création, collaborateur et connaissance de longue date de Morgan, ami de Montagu Norman le directeur de la banque d’Angleterre, fait enfler la quantité de dollars. En faisant cela, il ne fait que retarder la chute de la Livre, sur le dos des citoyens américains.

Les américains, habitués depuis toujours à considérer la monnaie comme ayant une valeur en soit car étant simplement une représentation d’une quantité réelle d’or ou d’argent, existant quelque part et qui n’appartient qu’au détenteur de cette monnaie, toujours méfiants envers les banques nationales depuis le tournant du siècle, ont eu énormément de mal à s’habituer à cette « monnaie élastique », comme l’appelaient les journaux de l’époque. La stratégie de Benjamin Strong n’a fait qu’alimenter des bulles spéculatives, en particulier sur les actions échangées à la bourse de New York.
Sam propose plein de nouvelles reconnaissances de dette, comme s’il avait fait une énorme récolte de foin, alors que la quantité stockée n’a pas changé. Tous ses voisins se dépêchent d’aller acheter des génisses, persuadés d’avoir assez de foin cet hiver pour toutes les nourrir.

1928: Benjamin Strong meurt, il est remplacé par Roy Young, et la politique d’inflation pour contenir le krach britannique est interrompue. Mais le mal est fait: les tombereaux de dollars injectés sont allés se perdre dans des malinvestissements massifs qui ne peuvent pas être liquidés de manière satisfaisante en cas de besoin. Herbert Hoover est élu président, il lance un plan de travaux publics et dit vouloir « rendre la dépression économique illégale » devant le conseil des gouverneurs.
Sam cesse enfin d’imprimer par poignées les « bons » pour du foin qu’il n’a pas. Ses voisins arrêtent enfin d’acheter des vaches en trop et de lui confier plus de foin.

1929: L’interruption de la source de dollars entraîne une récession dès Juillet. La bulle sur les actions à la bourse de New York ne tarde pas à suivre et éclate en Octobre, lessivant l’épargne des particuliers trompés. Ce krach n’entame pas directement la santé économique des USA, mais dissout la confiance déjà bien éreintée des américains dans leur système financier. Au bout d’un mois les cours se stabilisent, mais la consommation chute: c’est là que tous les investissements pourris induits par l’inflation monétaire de Strong vont apparaître au grand jour.
L’hiver arrive, le foin vient à manquer, et les vaches meurent de faim en masse.

Cette crise est du pain béni pour Herbert Hoover, qui se faisait une spécialité politique de réclamer plus d’intervention du gouvernement dans l’économie depuis des années. Déjà en 1920 en tant que ministre du commerce, il avait essayé en vain de convaincre le Président Harding d’intervenir pour « résoudre la crise » à coup de crédit supplémentaire (exactement comme ce que fit plus tard Strong) et de commandes de travaux publics massifs.

En Octobre 1929, en pleine dépression économique, il se sent prêt, persuadé de savoir ce qu’il faut faire. Il ignore les conseils de son Secrétaire du Trésor Andrew Mellon de ne pas intervenir, et suit à la place son Sous-secrétaire du Trésor Ogden Mills. Avec l’aide de George Harrison, directeur de la FED à New York et loyal à Morgan, la FED double son stock de bons du trésor fédéral dans la semaine, et injecte des centaines de millions de dollars pour fournir des liquidités aux banques. Il veut empêcher le marché d’effacer les sur-évaluations boursières. Dans cette seule semaine initiale, la masse monétaire nationale enfle de 10% ! Les taux d’intérêt baissent de 6 à 4,5%.
Onc’ Sam rassure ses voisins: « vos vaches ne sont pas vraiment mortes, continuez de les nourrir et d’en acheter d’autres, d’ailleurs j’ai imprimé de nouveaux bons pour du foin ! »

La baisse du coût du crédit permet de continuer de nourrir les « vaches mortes » du malinvestissement accumulé pour continuer à essayer de les faire grossir sans espoir de jamais en tirer quelque chose, au prix d’un endettement massif. Les cours remontent, donc, péniblement, et les réserves bancaires sont réajustées à la baisse jusqu’à revenir à leur niveau initial aussi, mais le montage financier est toujours aussi pourri, voire plus encore. L’intervention immédiate de Roosevelt a simplement rembobiné le film en arrière.
Les voisins de Sam achètent à nouveau de nombreuses vaches et confient à nouveau leur peu de foin aux granges contre les reconnaissances de dette de Sam.

A nouveau, Roy Young préconise d’arrêter toute intervention et laisser le marché recracher les « vaches mortes » à son rythme, mais à nouveau George Harrison et Herbert Hoover l’envoient paître: les intérêts à court-terme s’effondrent sur la fin de 1930, la FED achète massivement des bons du trésor, renfloue des banques, et la quantité de monnaie reste stable au lieu de s’ajuster à la baisse de valeur réelle des investissements. Le film reprend sa marche inéluctable vers la crise. En Août, Hoover fait même remplacer Roy Young par Eugène Meyer Jr, plus proche de J.P. Morgan et de l’inflationnisme. Le Smoot-Hawley Tarriff Act est signé, instaurant des barrières douanières qui réduisent de moitié le commerce international américain, avec des répercussions graves qui « exportent » la récession un peu plus dans de nombreux pays.
Les stocks de foin des granges continuent de diminuer pendant que de plus en plus de reconnaissances de dettes de foin circulent et que des vaches meurent régulièrement.

1931: La Reichsbank allemande est rattrapée par ses dettes à cause de la déflation, la FED-NY de Harrison, la Banque de France et la Banque des Règlements Internationaux lui prêtent 100 millions de dollars. Les Allemands réclament aussitôt 500 millions de plus. Meyer, qui réalise que les USA ne peuvent pas renflouer l’économie allemande à leurs frais, refuse, et l’Allemagne doit se contenter d’un accord de principe avec les banques du reste du monde de ne pas vidanger leurs Marks trop vite. En Septembre le Royaume-Uni, en déroute financière depuis la cessation du soutien de Strong, craque et abandonne l’indexation de la Livre sur l’or. Le métal s’enfuit vers les USA et ravive le dollar, pendant que la récession persiste. Après avoir doublé les montants des travaux publics fédéraux et quintuplé les montants des aides fédérales, Hoover resuscite la Corporation de Financement de Guerre qui servait à subventionner les industries servant l’effort de guerre, sous le nom de Corporation de Financement de Reconstruction, pour offrir des prêts garantis par l’état fédéral et, dans son imagination, tenir le rôle de chef d’orchestre de toute l’économie US – le gouvernement se lançait directement dans les affaires. A la fin de l’année, la FED obtient l’autorisation de garantir ses prêts avec des bons du trésor en papier à la place d’or: du papier sans valeur échangeable contre du papier sans valeur pour « garantir » sa valeur ! Les américains comme les étrangers perdent la dernière trace de confiance qu’ils avaient dans la monnaie.
Devant le manque chronique de foin pour nourrir toutes les vaches, Onc’ Sam conseille à ses voisins de leur faire manger les piles de reconnaissances de dette à la place.

1932: Hoover fait fièrement remarquer qu’en quatre ans il a fait faire plus de grands travaux que pendant les trente années précédentes. Les faillites bancaires se multiplient encore. Les entrepreneurs n’empruntent plus pour développer leurs activités. Les gens achètent moins. La production s’effondre, le niveau de vie avec. Le chômage est partout. L’énorme flot de monnaie déversé par Hoover et Meyer ne fait que se perdre dans les dépôts de bilan. La crise de liquidations des malinvestissements, qui aurait dû se produire en 1929, arrive avec retard et progressivement, en pire. La dette fédérale a doublé. Hoover s’en prend publiquement aux banques et aux consommateurs, responsables d’après lui de l’échec de son programme. Il conteste le stockage de monnaie et de métaux précieux par les particuliers et réglemente la vente à découvert d’actions.
Les vaches meurent massivement, les tripes pleines de papier. Onc’ Sam flanque des coup de fourche aux cadavres de vaches, qui refusent obstinément de digérer le papier, et des coups de pied à ses voisins, qui persistent à retirer tout le foin des granges pour nourrir les vaches encore vivantes.

1933: Excédés, les américains élisent Roosevelt en masse. Désespérés, les allemands se jettent dans les bras d’Hitler. Le Comité pour la Nation afin de Reconstruire les Prix et le Pouvoir d’Achat est fondé en rassemblant tous les lobbies d’anciens accros aux subventions de temps de guerre et de spéculateurs misant sur la dévaluation du dollar, décidés à faire monter les prix et à se séparer de l’indexation sur l’or. Roosevelt ferme les banques du pays tout entier pendant des jours, fait interdire la possession d’or et d’argent, fait fouiller les maisons et saisir les bas de laine, dévalue la monnaie, instaure un embargo contre l’or étranger, crée l’Administration des Travaux Publics et plusieurs autres nouvelles entités d’état. L’inflation s’installe, les prix s’envolent, mais les cours stagnent et donc, de fait, baissent en valeur constante.
Onc’ Sam change de lubies. Face au manque chronique de foin l’empêchant de continuer à faire circuler autant de reconnaissances de dettes qu’il voudrait, il décide de purger tout le système de tout foin, fouillant les maisons de ses voisins. Les granges ne servent plus qu’à entreposer les piles de reconnaissances de dettes. Sam interdit aussi les chargements de foin venus de l’étranger et oblige ses voisins à retaper les routes.

A partir de cette année-là, la crise de 1929 est enfin « soldée » aux USA. Les mesures accumulées par la suite par Roosevelt (et Hoover sur la fin de son mandat) vont créer toute une bureaucratie qui va cartéliser rapidement le système financier du pays et étrangler le redéveloppement sous son poids, ce qui provoquera en 1937 une nouvelle récession prolongée. Le taux de chômage ne baissera pour de bon qu’une fois que les dépenses publiques baisseront enfin, après la seconde guerre mondiale. Mais c’est une autre histoire.

En conclusion, les leçons de cette époque nous apprennent que si nos gouvernements suivent la voie de Hoover et Roosevelt, nous pourrions revivre une seconde fois en pire la crise, car aucun gouvernement ne peut empêcher les malinvestissements de nous sauter à la figure tôt ou tard. On voit aussi que les systèmes monétaires peuvent faire partie des victimes. Et aussi que des démagogues dangereux peuvent profiter du désespoir des gens pour s’emparer du pouvoir. En soi, une crise de ce type ne menace pas une économie, ce sont les expansions du pouvoir qu’elle peut servir à justifier qui sont dangereuses. Ouvrez l’oeil !

À propos jesrad
Semi-esclave de la République Soviétique Socialiste Populaire de France.

14 Responses to 1929, année de vaches mortes

  1. Franck says:

    Ouvrir l’oeil?
    Si encore on pouvait faire quoi que ce soit face à tout ce bordel…

  2. jesrad says:

    Tu peux: liquide tes placements boursiers, achète un peu d’or à garder chez toi avec des billets au cas où l’état français flanche subitement, et attends que toutes les vaches mortes aient été enterrées.

  3. tenshu says:

    L’état français est le nom qu’a prix la dictature Pétiniste, on dit le Gouvernement français ou la république française si on prend l’ensemble voire la France.

    Ce papier est un brûlot contre l’Etat, chacun voit midi à sa porte. En tant que socialiste je reste convaincu que seul l’état est capable de réglementer les dérives du capitalisme. Capitalisme qui crève de ses propre excès, il explose a cause de sa voracité infini dans un monde aux ressources finies.

    Et on nous vend encore l’invasion de l’afghanistan et de l’irak pour promouvoir le choc des civilisations, comme la nué pour l’orage.
    Le capitalisme porte la guerre comme la nuée porte l’orage – Jaurès

  4. Martini says:

    « Capitalisme qui crève de ses propre excès »

    Moui, c’est ça. En attendant, le capitalisme vient de mettre un sacré coup de pied au cul du socialisme. Echanger les maillots ne changera rien au score final.

  5. jesrad says:

    « En tant que socialiste je reste convaincu que seul l’état est capable de réglementer les dérives du capitalisme. »

    Quelles dérives ? Quand on gratte la peinture étalée sur l’Histoire, comme je le fais dans cet article, on retrouve toujours le même coupable: l’état, jamais le marché.

    « Ce papier est un brûlot contre l’Etat »

    Non, c’est un cours d’histoire économique qui rappelle des faits importants à la lumière de l’actualité.

    « Et on nous vend encore l’invasion de l’afghanistan et de l’irak pour promouvoir le choc des civilisations »

    Béh oui, l’état, quand il est en difficulté, s’agite et détourne l’attention, par exemple en pointant du doigt l’Ennemi et en haraguant les Patriotes pour qu’ils aillent Mourir en son nom, histoire d’enterrer dans les esprits embrumés par tant de violence ses erreurs récentes.

    La guerre est la santé de l’état.

  6. Kadmon says:

    Merci. Je suis un peu moins nul en histoire et en économie grâce à toi.

    J’ai avalé, mais j’ai du mal à digérer.

  7. Bertrand Monvoisin says:

    Le Capitalisme c’est la guerre, a contrario le socialisme c’est la paix ! Pas certain. En 1939 la pacifique URSS envahit la Pologne, la Lituanie, la Lettonie, l’Estonie, la Finlande (les Finlandais finirent par repousser l’envahisseur). En 1948 les Soviétique renversèrent le gouvernement démocratique Tchécoslovaque (coup de Prague), en 1956 ils envahirent la Hongrie et exterminèrent les partisans de la liberté, en 1968 ils envahirent la Tchécoslovaquie.

    Le 20 juin 1950 les communistes Nord-coréens envahirent leur voisin du sud avec qui ils étaient séparés depuis 1948. Pendant la bataille du Têt, après s’être rendu maître de Hué les Nord-Viêtnamiens exterminèrent plus de 5 000 civils désarmés, mais rassurez-vous ils s’agissaient de vils bourgeois (comme les Polonais).

    En revanche La Suisse neutre depuis 1515 doit sans doute être considérée comme un pays où règne le socialisme réel.

    Les conneries proférées par Jaurès rendent Raoul Villain foncièrement sympathique.

  8. Bertrand Monvoisin says:

    Petite blaque anticommuniste.

    En URSS un professeur d’histoire fait son cours et raconte au collégiens la crise de 1929, les files de chômeurs, la soupe populaire, le café brûlé dans les locomotives…
    L’élève Popovitch lève la main le professeur lui donne la parole

    – « Camarade professeur pendant la crise est-qu’on pouvait s’acheter de chaussures en cuir ? »

    – « oui » réponds le professeur un peu pris de cours.

    – « alors j’espère que la crise va vite venir chez nous, à la maison ça fait 10 ans qu’on porte des godasses en carton ».

  9. nico says:

    l’hyper inflation en allemagne date non pas de 1931 mais de 1923. En 1931 l’allemagne est en deflation ( comme tout le monde)

  10. jesrad says:

    Zutalor, vous avez raison. Je corrige de suite.

  11. Pic et Puce says:

    Le parallèle entre la crise de 1929 et notre époque est saisissant. Il faudrait cependant trouver un synonyme au mot  » malinvestissement « , peut-être « placement pourri « … On nous confronte le Capitalisme au Communisme et au Socialisme en nous disant que le Capitalisme est la source de tous nos maux. En fait, il n’y a jamais eu que du  » Capital « , qu’il soit Capitalisme privé ou capitalisme d’Etat. Le fond du problème c’est que dans un cas comme dans l’autre, s’est constituée une noblesse financière qui a eu le mépris des peuples tout simplement, n’hésitant pas à utiliser la guerre pour régler des problèmes qu’elle a créés. L’activité humaine implique l’existence d’un système économique basé sur la morale. C’est la disparition de la morale qui est la cause véritable des crises financières. L’avidité des dirigeants qu’ils soient d’idéologie  » capitaliste « ,  » communiste  » ou  » socialiste  » est hallucinante, tout comme leur immoralité. Il y a eu un homme qui eut le courage en actes de ses paroles : ce fut Jean Jaurès et puis bien avant, il y eut le Christ. On sait comment les deux furent traités par leurs contemporains et les tenants du pouvoir…

    • jesrad says:

      Jaurès comparé à Yeshu ? Tu pousses le bouchon un peu loin Maurice.

      Le fait est que la source des maux en question est à trouver dans l’usage du Pouvoir… et que l’établissement et le respect de principes simples d’éthique les régleraient définitivement. Dès l’instant de l’usage de la force pour imposer une vue donnée de la morale en dépit d’une autre vue différente, il n’y a plus d’éthique possible, plus de fondement naturel de légitimité.

      Je note pour ma part que la destruction de l’éthique démarre avec le romantisme politique et la naissance du relativisme moral au milieu du XIXème siècle… se poursuivant par un développement en politique sous la forme des idéologies dites « progressivistes » mais réellement totalitaires prônant l’action directe et la primauté du résultat concret (supposé) sur toute morale a priori (un concept dénoncé comme bourgeois, juif, réactionnaire, que sais-je encore…). Et c’est ainsi que les droits naturels de l’individu sont bafoués en masse pendant le XXème siècle, ce siècle noir de meurtres industriels et de spoliations systématisées. Et encore aujourd’hui 😦

      Comprenons-nous bien: quand la gauche française de 1968 en appelle à « la fin de la morale » c’est exactement de ça qu’il est question, le point culminant d’un conflit entre le juste et l’injuste, le nœud focal du débat entre utilitarisme et jusnaturalisme, et le résumé de décennies « d’expérimentations sociales » désastreuses. On est bien d’accord.

  12. Et si le mal n’était pas l’Etat mais ceux qui le dirigent ou sont censés le diriger dans l’intérêt général ? Autrement dit, n’est-ce pas la démocratie qui a pris beaucoup de retard sur le pouvoir qu’a dû prendre « l’état » pour réguler le capitalisme pour éviter le pire ?

    J’aimerais voir une analyse de la période des 30 glorieuses, période durant laquelle, pour éviter la « contamination bolchevique », les « libéraux » ne faisait pas trop les fiers depuis 1929 !

    En particulier de régulations tel le Glass-Steagall Act. Car me semble-t-il avant la régulation étatique, le free banking n’était pas non plus la panacée.

    En résumé : l’apprentissage de la démocratie est un long fleuve pas tranquille. La preuve, il aura fallu près de 2 siècles pour accorder le droit de vote aux femmes en France !

    • jesrad says:

      « Et si le mal n’était pas l’Etat mais ceux qui le dirigent ou sont censés le diriger dans l’intérêt général ? »

      Il est impossible de faire le bien de force malgré les autres. Donc: non. Le Mal est dans le fait même de s’élever au-dessus de l’autre et de décider à sa place, à son corps défendant et sous la contrainte et la menace. Peu importe qui dirige, sauf peut-être un être parfaitement vertueux dont la seule action aux commandes de l’état serait de défaire l’état. Et ce genre de personne est exactement le contraire de ceux qui se présentent et font tant d’efforts pour accéder au pouvoir.

      « les « libéraux » ne faisait pas trop les fiers depuis 1929 ! »

      Je crois que vous ne savez rien de rien sur la crise de 1929… Je vous conseille la lecture (rapide, promis !) de cet article récapitulatif (chiffres à l’appui) ou bien cette chronique vidéo de Serge Schweitzer, professeur d’économie à l’Université d’Aix. Les libéraux citent au contraire régulièrement le New Deal… comme mauvais exemple à ne pas suivre.

      « avant la régulation étatique, le free banking n’était pas non plus la panacée. »

      Pour remonter avant la régulation étatique, il faut aller bien avant le Glass-Steagell Act, au XIXème siècle, et on constate que les crises y étaient bien plus soft, et les prix bien plus stables (zéro inflation). Sinon ce wiki a un excellent article sur la monnaie.

      Il n’y a pas de système parfait, c’est justement pour ça qu’il faut laisser libre tout le monde de tenter toutes sortes de façons différentes de s’y prendre, de récompenser les meilleures et de se détourner des autres.

Laisser un commentaire