La SNCF est plus ruinée que jamais

Qu’est-ce qui a changé depuis l’année dernière ?

Réponse: rien. C’est même encore pire qu’on pensait.

La SNCF et ses filiales de facto RFF et SAAD sont toujours irrémédiablement endettées à hauteur de plus de 50 milliards d’euros, continuent de perdre entre 8 et 12 milliards d’euros chaque année, pertes que les contribuables continuent d’éponger au prix de leur pouvoir d’achat. Et même, on leur fait éponger plus que les pertes juste pour que quelques-uns puissent claironner qu’il y a des « profits » qui augmentent*. La mauvaise surprise, c’est le montant des engagements de retraite: 116,446 milliards d’euros, avoué dans une seule petite ligne de la page 16 du bilan comptable de 2007 de la SNCF – montant qui avait été escamoté en 2006 et continue d’être escamoté encore aujourd’hui du total officiel, par décret (le même décret qui devait réformer les retraites du public, si, si, souvenez-vous). Mentionné, mais pas compté… Quelqu’un a dit « fraude » ?

Si on fait le calcul, le bilan total réel de l’ensemble SNCF-RFF-SAAD, c’est -182,6 milliards d’euros, soit une dette d’environ trois fois le budget de l’éducation nationale ! On se doutait que les nouvelles normes IFRS, applicables aux entreprises publiques depuis le 31 août 2007, dévoileraient un état de décomposition avancée du cadavre ambulant, mais certainement pas à ce point.

Au rythme où ça va, avec son milliard de « profits » arraché aux contribuables en 2007, il faudra encore environ un demi-siècle à la SNCF pour ne serait-ce que commencer à mettre de l’argent de côté. Alors provisionner ces retraites, ce n’est même pas la peine d’y penser d’ici là. C’est que, ça fait tout de même 116 milliards à trouver d’ici quelques années, alors que la masse salariale totale de la SNCF tourne autour de 9 milliards par an et qu’il y a plus de 50 autres milliards de dettes à combler d’autre part. Qui va cotiser, et combien ? Un simple calcul montre qu’il faudrait que tous les agents SNCF versent 63% de leur salaire net à la Caisse de Prévoyance et Retraite pendant toute leur vie de travail pour payer toutes les retraites ! 63% de votre salaire net amputé pour sauver les retraites – so-so-solidarité ? Près à vous serrer la ceinture et vous nourrir d’eau de pluie, camarades ?

Il devrait y avoir une grève générale continue de tous les futurs retraités des chemins de fer pour exiger l’éviction de tous les parasites qui sucent le pognon de SNCF/RFF/SAAD de l’intérieur, à commencer par les syndicats et les partis politiques (qui profitent bien des CEs et des cotisations de sécu, voire traitent carrément les fonds sociaux de l’entreprise comme leur caisse noire personnelle), mais non, personne ne bouge pour ça. Et pour cause: les organisateurs institutionnels de grèves et profiteurs politiques associés qui contrôlent et manipulent les travailleurs du rail sont précisément ceux qui pompent en douce les retraites de ces derniers vers leurs propres poches. Ils n’ont aucun intérêt à ce que les travailleurs se réveillent et comprennent le racket dont ils sont victimes. C’est un scandale d’une ampleur inouïe, bien plus gros que celui d’Enron, et tout le monde semble s’en foutre.

Quand viendra l’heure de prononcer la banqueroute, quand viendra le moment de payer ces retraites pour de vrai, mois après mois, avec de l’argent réel que ni la SNCF ni RFF ni le SAAD ni l’état français ne possèdent ni ne sont prêts à posséder d’ici là, en revanche, il se pourrait très bien que des têtes roulent. Littéralement.


* Je soupçonne que cette façon très créative de s’inventer des profits en piquant dans le portefeuille des Français est une façon de préparer la privatisation de la SNCF en la maquillant en entreprise rentable, histoire de coller la dette sur le dos des futurs actionnaires-gogos. Il n’y a à mon sens aucune chance que ça fonctionne. L’autre explication serait qu’ils prévoient de privatiser la SNCF, et de laisser tomber les pensions de retraites en blâmant le secteur privé. Ou peut-être simplement qu’ils n’ont pas de solution et essaient de cacher le cadavre aussi longtemps que possible.

À propos jesrad
Semi-esclave de la République Soviétique Socialiste Populaire de France.

11 Responses to La SNCF est plus ruinée que jamais

  1. Martini says:

    Un simple calcul montre qu’il faudrait que les employés de la SNCF versent environ 63% de leur salaire net en cotisations de retraite supplémentaires pendant leurs 41 années de travail pour que les retraites soient assurées. Sur un SMIC net de 1028 euro par mois, ça ferait un surplus de 650 euros de cotisations à payer, ou 7800 euros par an. Ah, c’est beau, le modèle par répartition 😀

  2. jesrad says:

    63% de ton salaire net ! Ouch ! Pas étonnant alors qu’aucun modèle de retraite par répartition ne puisse tenir au delà de 40-45 années d’existence: dès que les cotisants de la première heure arrivent en masse à l’heure du départ, dès qu’il faut commencer à payer les retraites pour de vrai, on se rend compte que ça ne peut tout simplement pas marcher parce qu’il faudrait que chaque travailleur reverse la moitié ou plus de son salaire net. Je ne sais plus qui avait dit (je soupçonne Hans-Hermann Hoppe) qu’un système par répartition ne peut fonctionner qu’à partir de 4 enfants par femme en moyenne au grand minimum.

    Et entre temps, tous les parasites institutionnels se seront gavés pendant 40-45 ans de la sueur des travailleurs. C’est ignoble.


    Edit: j’ai fait le calcul moi aussi: avec 116 milliards à commencer de payer tout de suite et qu’il faudra avoir fini de payer d’ici 40-45 ans, sur les 200000 employés cotisants de la SNCF, ça fait une cotisation totale par personne, sur toute une vie de travail, de 582330 euros, soit 1183,60 euros par mois en moyenne. C’est ce que devrait verser chaque employé de la SNCF pour payer les retraites, chaque mois, pendant 40 ou 41 ans de travail, pour pouvoir ensuite bénéficier de la même retraite à son tour. Sur le salaire moyen net à la SNCF d’environ 1875 euros mensuels, ces 1183 euros représentent bel et bien 63% du salaire net en cotisations supplémentaires…

  3. Martini says:

    Il n’y a qu’une seule chose raisonnable à faire: pendre tous les syndicalistes avec les tripes de tous les politiciens, tout de suite.

  4. Stan says:

    On s’énerve pour rien comme tu l’as dit tout le monde semble s’en foutre.
    La question est combien de temps avant que le château ne s’écroule?

  5. Stan says:

    Ou les faire travailler jusqu’à la fin de leur jour pour éponger leur dette!

  6. jesrad says:

    L’état étant particulièrement solidaire de la dette monumentale de la SNCF, je pense qu’ils s’effondreront ensemble. Probablement l’année prochaine, si rien de vraiment significatif n’est fait.

  7. Franck says:

    Et ils ne s’effondreront certainement pas sans entraîner tous ceux qu’ils peuvent avec eux.
    Nos économies vont y passer… Quelqu’un a des pistes pour faire sortir son pognon sans trop de heurts de la Soviétie Française, voire de l’UE?

  8. jesrad says:

    Sortir le pognon de l’UE, c’est très facile: ouvrir un compte bancaire en Suisse ou dans l’un ou l’autre paradis fiscal d’Amérique centrale suffit.

    La banqueroute risque d’être très rock’n’roll, à voir comment ça s’est passé pour l’Argentine.

  9. jesrad says:

    J’ai mis le calcul du taux de cotisation dans l’article, directement.

  10. Martini says:

    Et moi j’ai aussi fait le calcul:

    Avec un modèle de retraite par capitalisation, à un très raisonnable taux d’intérêt de 4,5% sur 40 ans de cotisations, on a un retour composé de 297,31%

    Si on prend un écart intergénérationnel de 25 ans, il faut que chaque génération soit $retourCapitalisation^($écartGénérationnel/$duréeCotisation)=1,98 fois plus nombreuse que la précédente, ce qui fait un nombre d’enfants par femme minimal de 3,96 pour atteindre la même rentabilité avec un modèle par répartition.

    Conclusion: le type qui a dit que la répartition ne marchait qu’à partir de 4 enfants par femme a raison.


    Rectification: le nombre d’enfants par femme équivalent stagne autour de 4 quelle que soit la durée de cotisation, c’est en fait l’écart intergénérationnel qui l’affecte: plus l’écart est grand, plus le nombre d’enfants nécessaires pour rendre la répartition crédible augmente (si tu prends 27 ans, ça passe de 4 à 4,2. Avec 18 ans d’écart moyen, ça tourne autour de 3,3).

  11. Bertrand Monvoisin says:

    Ils me font ricaner ces premiers prix de vertu socialo-gauchistes qui justifient toutes les acrobaties comptables des entreprises publiques, mais vomissent les entrepreneurs privés qui suent sang et eau. Si un entrepreneur s’amusait à faire de la comptabilité créative comme l’Etat il aurait droit un séjour entre quatre murs au frais de la princesse avec en prime les discours moralisateurs des kleptocrates bouffis.

    Cela me fait songer à la Marie-ténardière poitevine et sa mémoire sélective lorsqu’il s’agit de payer les salaires de ses collaboratrices.

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