L’anarchie pour les nuls

L’anarchie c’est l’ordre.

Saint Anselme Bellegarrigue

Anarchie: l’ordre sans le pouvoir.

Léo Ferré

Anarchie: n.f. État de désordre généralisé dû à l’absence ou à la faiblesse de l’autorité du gouvernement.

Une institution gouvernementale


Le principe de base de l’anarchie:
Le prince Piotr Kropotkin est célèbre pour avoir établi l’une des premières tentatives de formalisation rationnelle du principe qui sous-tend l’anarchie sous toute forme dans « Le principe anarchiste ». Cette idée fondamentale est très simple en elle-même, et peut être formulée comme suit:

L’anarchie consiste à n’accepter aucun chef pour imposer des règles dont on ne veut pas.

L’anarchie n’est pas l’absence de règles, mais le libre choix des règles. Le synonyme « acratie » est techniquement plus juste pour désigner l’idéal poursuivi par les anarchistes, en ce qu’il indique clairement qu’il n’y a pas d’autorité pour imposer des règles non-voulues: « a- » pour absence de, et « -crate » pour autorité absolue, source unilatérale de règles.

La clef de l’anarchie, présente dans son principe fondateur, est l’accord libre de l’individu, qui peut accepter ou rejeter une règle sans être exposé à une contrainte ayant une origine humaine externe. Toute société, toute organisation, tout principe social fonctionnant sur la base du consentement libre de chaque membre est anarchiste.

La distinction entre consentement libre et consentement forcé est cruciale pour comprendre l’anarchie. L’existence d’une contrainte causée par la volonté d’un autre implique que le consentement soumis à cette contrainte n’est pas libre: cela constitue une règle non-voulue implicite aux conditions du choix. Par conséquent le choix d’accepter ou non une règle doit se faire sans préjuger de l’existence ou de l’action d’un autre pour être libre. Réciproquement, le consentement reste libre même en présence de contraintes si celles-ci n’ont aucune origine dans la volonté de l’autre.

La conséquence trop souvent méconnue de ce raisonnement, y compris de la part d’anarchistes auto-proclamés, c’est que seule une règle universelle peut être librement choisie et donc respecter le principe anarchiste: une telle règle doit pouvoir s’appliquer indifféremment de l’individu qui l’a choisie. Pour faire simple, toute règle qui s’appuie sur une différence de condition individuelle, comme par exemple la naissance au sein d’une famille donnée ou d’un territoire délimité, s’appuie au final sur l’existence ou les actions d’un ou plusieurs individus externes et est donc intrinséquement en violation du principe anarchiste. Autrement dit, il est impossible de choisir librement de suivre ou non une telle règle à moins que la condition utilisée ne soit universelle à tous les individus, indistinctement. Un moyen simple de juger du caractère universel d’une règle consiste à la comparer à sa réciproque (en inversant les situations des individus concernés). Par exemple, une règle anarcho-nationaliste interdisant le franchissement d’une frontière dans un sens n’est anarchiste que si elle interdit également à celui qui l’a choisie de franchir la frontière dans l’autre sens (et ne peut s’appliquer de manière anarchiste qu’à ceux qui reconnaissent la frontière en question, mais c’est un autre problème abordé dans le paragraphe sur la justice et la loi en anarchie).

L’anarchie en pratique:
Le principe anarchiste a été mis en pratique à de très nombreuses reprises au cours de l’Histoire des civilisations humaines, au moins de l’Antiquité à nos jours.

Exemples de civilisations ayant appliqué en tout ou partie le principe anarchiste:
– les Sumériens aux environs de 5000 à 4000 av. J.C.
– les Islandais de 930 à 1262
– les Irlandais celtes de 800 av. J.C. jusqu’en 1700 environ
– les Kabyles avant leur intégration forcée aux royaumes du Maghreb
– les Américains de la Frontière au XVIIème et XVIIIème siècles
– les Israëliens des Kibboutzim
– le monde européen occidental du XIXème et tout début du XXème siècle
– les pirates des Caraïbes du XVIème au XVIIIème siècles
– les Apaches
– les Igbos jusqu’à la colonisation du Niger
– les Bushmen du Kalahari
– les Aborigènes d’Australie
– les Corsaires Ottomans du XVIème au XIXème siècle
– Les réfugiés Sarhawi, depuis 1976
– les Pygmées du Zaïre
– les Eskimos
– les Kuikuru d’Amérique du Sud
– les Massims de Papouasie-Mélanésie
– les Santals de l’Inde

Note: Ne sont abordés ici que les exemples de populations. Cette liste n’est pas exhaustive, mais sa longueur montre déjà que, loin d’être saugrenue, la vie sans chefs a longtemps été un standard de fait pour beaucoup de peuples, dans certains domaines au moins – économie, droit, coordination sociale, etc.

Vrais et faux anarchistes:
Il ne suffit pas de se proclamer anarchiste pour l’être. L’existence du principe anarchiste fait qu’il est possible de distinguer dans les faits ceux qui l’appliquent de ceux qui ne l’appliquent pas.

L’existence de ce principe anarchiste, en somme une règle qui définit ce qui est anarchiste et ce qui ne l’est pas, n’est pas contradictoire en soi puisqu’est anarchiste celui qui accepte ce principe librement, sans avoir besoin d’un chef pour lui imposer. Cette considération permet de distinguer définitivement l’anomie de l’anarchie: généralement, les faux anarchistes sont en fait des anomistes. L’anomie obéit au principe anomiste, qui dit qu’il n’y a pas de règles (ce qui constitue une règle, paradoxalement). Par exemple, les illégalistes, criminels imposant par la violence leurs propres règles de vol et meurtre autorisés à ceux qui n’en veulent pas, sont de faux anarchistes mais de vrais anomistes.

Exemples de vrais anarchistes:
– les anarcho-libertariens jusnaturalistes et autonomistes
– les anarcho-communistes non-révolutionnaires
– les anarcho-primitivistes pacifistes
– les anarcho-chrétiens

Note: Ces exemples ne sont pas exhaustifs, bien entendu.

Anarchie, loi et justice:
Parce que l’anarchie implique que les règles des uns ne s’appliquent pas forcément aux autres, il ne peut pas y avoir une unique loi commune à tous en anarchie en dehors d’un consentement unanime à cette loi (ce qui est toutefois arrivé à plusieurs reprises, historiquement). Une loi anarchiste est par conséquent polycentrique, sans être nécessairement écrite ou formalisée. Cela implique aussi l’existence de mécanismes, également anarchistes, pour résoudre les conflits causés par des différences légales ou des actes injustes.

Le plus simple de ces mécanismes est la légitime défense, par laquelle celui qui refuse une règle qu’un autre l’oblige à suivre va essayer d’appliquer l’universalité de cette règle. En d’autres termes moins abscons, cela consiste à renverser les rôles, à suivre la réciproque de la règle. Celui qui veut tuer est tué. Celui qui veut voler est volé. Son but est de faire renoncer volontairement aux règles injustes et destructrices pour ne garder que les règles dont l’application est unanimement ressentie comme juste par ceux qu’elles affectent.

En dehors de ça, n’importe quelle forme de système judiciaire qui respecte le principe anarchiste est envisageable. La nécessité de respecter le libre consentement fait que les plus populaires de ces systèmes sont contractuels (assurances mutuelles formelles chez les pirates et les libertariens) et compensatoires (serments des Igbos, pénalités réparatrices des Islandais libres, arbitrages des agoristes).

Revendications communes à tous les anarchistes:
Il y a très peu de revendications qui soient défendues par tous les anarchistes ou même par une vaste majorité simultanément, à cause du principe anarchiste lui-même. Néanmoins, il en émerge certaines qui sont assez constantes pour être mentionnées:

– rejet de l’état en tant que monopole de l’usage légitime de la force
– rejet de toute prétention de légitimité a priori de la loi ou de l’autorité
– rejet de l’esclavage

Des concepts communs à tous les anarchistes existent aussi, dont on retrouve la trace assez souvent pour en faire mention:
– Dissension pacifique
– Légitime défense
– Objection de conscience
– Désobéissance civile

À propos jesrad
Semi-esclave de la République Soviétique Socialiste Populaire de France.

13 Responses to L’anarchie pour les nuls

  1. Ankuetas says:

    C’est très bien tout ça, mais tu sais que l’inverse n’est pas vrai…personnellement je m’attire une pétée de débats chez les anars par le simple fait que je défends les libertariens, ils détestent vraiment les anarcaps tu sais…

  2. jesrad says:

    Normal, personne n’aime avoir tort. Le problème, c’est qu’en s’en prenant à d’autres anarchistes simplement parce qu’ils ne veulent pas les mêmes règles qu’eux, ils cessent d’eux-même d’être anarchistes.

    Heureusement qu’il reste des gens sensés comme Fred Woodworth pour constater que l’anarchie, c’est une grande maison avec de la place pour tout le monde, et certainement pas un club pour les poseurs.

  3. Ankuetas says:

    Place pour tout le monde, place pour tout le monde…

    T’as déjà essayé de débattre avec un anarchiste non-anarcap? 😀

  4. Mary White says:

    Bonjour Jesrad, je crois que c’es la seconde fois que je t’écris. Je te lis d’habitude et ce post et très instructive, et necessaire à la foi. Au moins en Espagne (mon pays) oú on a presque un guerre libérales/anarcap (les premiers son très combatifs contre nous, les acrates-capitalistes).

    Quelques fois je fais reférence a ton blog… il y a libertarians aussi en France, pas seulement aux État-Unis!! 🙂

    Félicitations!

    Maria

  5. jesrad says:

    Bonjour Mary,

    Je suis content de savoir qu’il y a à la fois des libéraux et des anarchistes en Espagne 🙂 C’est dommage de se battre quand il y a tellement en commun entre les deux, surtout que je pense que les uns comme les autres reviennent strictement à la même chose. Mais cela, ce sera le sujet d’un autre article 😉

  6. Ankuetas says:

    Au fait, pour voir ce qu’un anar dis de toi lol, va voir ici:

    http://fr.wikipedia.org/wiki/Discussion_Utilisateur:Jesrad

    (il y a bien sur mon humble participation dans mes temps anti-libertariens, mais la participation qui suit (qui me raille du nom de anar indiv. en passant ^^) est plus intéressente)

    ^^

  7. Ankuetas says:

    Peut-être faudrait-il vraiment que vous pensiez à organiser un débat sur les clivages anarcaps/non-anarcaps, parce que bonjour l’unité ^^…

  8. jesrad says:

    Bah, il faut nous voir comme les Gaulois du village: toujours en train de se châmailler, mais on sait quand même être unis face aux Romains.

  9. Ankuetas says:

    Bah oui mais, je veux pas m’imiscer dans vos « châmailleries », mais je vous conseillerais fortement de faire un bon vieux débat pour régler vos différents. Peut-être devrais tu accepter l’invitation de débattre dans un forum..neutre?:D

  10. Corwin says:

    Salut à tous… une fois n’est pas coutume je suis rentré du boulot pas trop épuisé et je me sens en verve pour apporter un point de vue divergent qui j’espère au mieux vous intéressera et au pire vous divertira. Tout d’abord, je conjure les forces en présence de renoncer à ce besoin compulsif de s’auto-définir et de se ranger dans un sous-ensemble de l’anarchie. J’ose espérer que votre pensée individuelle est suffisamment riche pour rendre impossible cet exercice futile de systématique (pour Jesrad je n’ai guère de doutes, je le connais depuis suffisamment longtemps pour savoir qu’il est inclassable -bref).
    Premièrement, je considère que débattre de la valeur de l’anarchie en tant que système d’organisation sociale (puisqu’il s’agit bien d’organisation, nous en convenons tous) n’est utile que dans la mesure où l’on considère acquis qu’elle est physiologiquement compatible avec la nature humaine. Un pas de géant que je ne me sens pas près à franchir, au vu des éléments suivants:
    – bien que l’on ne puisse nous résumer à celà, nous demeurons avant tout des primates, un ordre du règne animal qui se distingue par une écrasante majorité d’espèces vivant sur un modèle hiérarchique simple avec des individus dominants et des individus non dominants. Notons que les non-dominants ne sont pas des esclaves, ils coopèrent et peuvent à tout moment contester (généralement par force cris et gesticulations intimidantes, souvent récompensés d’un bonne raclée) la suprématie du dominant. La structure de notre cerveau, les interactions entre nos systèmes nerveux et endocrine, déterminés par nos gènes, nous rendent particulièrement aptes à ce genre de système
    – partant, il n’est pas difficile de comprendre pourquoi les humains éprouvent le besoin irrépressible de se trouver au dessus de leurs semblables, mais aussi paradoxalement ont une grande capacité à se résigner à la soumission en présence d’une force indiscutablement supérieure. C’est cette même raison qui fait de l’égalitarisme la doctrine la plus stupide de tous les temps : nous n’aspirons JAMAIS à être l’égal du voisin, toujours à être au dessus, meilleur, plus beau, plus heureux avec une voiture plus chère etc… Quant à savoir si l’on nait dominant ou si on le devient, je l’ignore. Dans toute société simiesque comme humaine, la récompense universellement associée au statut de dominant est l’accouplement avec les individus de sexe opposé présentant les caractéristiques les plus enviables par rapport à l’environnement considéré. Les singes se contentent de robustesse et de fertilité, nous sommes un peu plus tordus que ça 😉

    A notre degré d’évolution actuel, je juge illusoire toute tentative de se débarrasser à long terme de la hiérarchie. Celà supposerait que notre amour pour la préservation de la liberté d’autrui serait plus fort que le plaisir éprouvé à le dominer, s’adjuger une partie des fruits de son travail et s’assurer à sa place les meilleurs partenaires de reproduction – que ce soit par la brutalité ou par la ruse finalement peu importe. Ceci est en contradiction avec les faits observables.
    J’ajoute que la domination est une activité à très fort rendement entre l’énergie investie et le bénéfice retiré, donc le chemin de moindre énergie vers la satisfaction pour qui a la technique.
    Je vais même aller plus loin, et affirmer que toute interaction entre deux êtres humain est une épreuve de domination, se soldant systématiquement par le dépouillement d’une des deux protagonistes d’une partie de ses richesses et de sa liberté. Le plus souvent, il y a domination réciproque, ne s’exerçant pas forcément sur le même plan ou même consciemment. Je développerai cette idée dans un prochain post, en essayant de vous démontrer qu’il ne s’agit pas nécessairement d’une mauvaise chose.

  11. Ankuetas says:

    A notre degré d’évolution peut-être, mais Jesrad dit très bien dans l’autre article sur l’anarchie qu’un jour ou un autre la société humaine aboutira vers une société catallarchiste? Phase de percolation, non?

    😉

  12. jesrad says:

    Attention, faut pas confondre l’évolution du système dissipatif (la société humaine) avec l’évolution de l’individu qui s’y trouve. Corwin a raison sur un point essentiel: mine de rien, les humains se sont progressivement adaptés à chaque étape de l’évolution de la société. Par exemple l’apparition du langage articulé en tant qu’extension du langage corporel / gestuel, et même avant ça la mutation qui a rendu le fond de l’oeil blanc opaque pour mieux répondre aux besoins de transmission de la connaissance d’une génération à l’autre et les besoins de communication pour la coordination des efforts de chasse et de guet, on peut aussi compter les mécanismes de l’altruisme câblés dans le cerveau, etc…

    Ça rejoint d’ailleurs une autre thèse sur le comportement humain un peu suprenante, celle de Julian Jaynes. Selon lui, l’analyse des traces écrites des civilisations passées montrent que l’humain s’est progressivement doté de mécanismes cognitifs de plus en plus complexes, notamment une conscience capable d’introspection (vers 1000-2000 av. J.C.). Cela fait grossièrement écho aux études faites sur les techniques des romanciers du passé: par exemple, les Islandais du moyen-âge (encore eux ! On ne s’en lasse jamais :D) écrivaient de manière complètement moderne. Là dessus, si j’ajoute la thèse défendue par T. Leary et R.A. Wilson sur l’esprit humain toujours en phase d’évolution (rapide) à 8 étapes, je vois qu’on est donc passé, en quelques siècles de la première étape à la seconde (apparition de l’écriture et des cités-états), puis à la troisième (XVIII – XIXe siècle), et actuellement (les socialismes du XXème siècle m’en sont témoins) à la quatrième. Le passage à la cinquième pourrait correspondre à encore un nouveau type d’organisation sociale populaire ?

    Ça reste quand même hautement spéculatif.

  13. Martini says:

    Dans toute société simiesque comme humaine, la récompense universellement associée au statut de dominant est l’accouplement avec les individus de sexe opposé présentant les caractéristiques les plus enviables par rapport à l’environnement considéré. Les singes se contentent de robustesse et de fertilité, nous sommes un peu plus tordus que ça 😉

    Richard Dawkins, enlève ton faux nez, je t’ai reconnu !

    A notre degré d’évolution actuel, je juge illusoire toute tentative de se débarrasser à long terme de la hiérarchie. Celà supposerait que notre amour pour la préservation de la liberté d’autrui serait plus fort que le plaisir éprouvé à le dominer, s’adjuger une partie des fruits de son travail et s’assurer à sa place les meilleurs partenaires de reproduction – que ce soit par la brutalité ou par la ruse finalement peu importe. Ceci est en contradiction avec les faits observables.

    Eh, j’ai raté des trucs intéressants… J’aime bien ton style.

    Ouais, les humains sont naturellement inclinés à se taper dessus quand ils ne sont pas d’accord entre eux. Mais c’est une raison de plus pour se débarrasser de la hiérarchie, justement ! D’ailleurs, quitte à parler de faits observables, la population actuelle se divise en trois catégories: Les Bons, les Abrutis, et les Truands, parts respectives de 30, 65 et 5%. C’est le Dr John Milgram qui a détaillé cette composition: 5% de gros sadiques plus intéressés par la domination, la torture des autres, etc. pour leur petit fun personnel, 30% de gens tellement bourrés de principes qu’on ne peut pas les faire obéir, et 65% de gens qui font bêtement ce qu’on leur dit – il suffit de leur grogner dessus assez ostensiblement – et croient ce qu’on leur raconte – du moment qu’on prend un air assez solennel.

    Les proportions varient un peu dans le monde, mais ces chiffres-là collent pas mal.

    Pour les Abrutis, il n’y a pas grand chose qu’on puisse changer chez eux, donc autant tirer le maximum qu’on peut d’eux en leur causant le moins de torts possibles histoire qu’ils restent sages et que justement ils aient l’occasion de se développer pour augmenter leur propre productivité: l’avantage est du côté de l’anarchie, qui ne perd pas son temps à essayer de leur causer des torts puisque ça réduirait au final la quantité de richesse qu’on squeeze d’eux. Comme de toute façon ils sont à peu près inoffensifs (à l’exception de leur stupidité, première cause de dommages dans le monde), inutile de leur taper dessus, c’est contre-productif.

    Pour les Bons, il n’y a rien à changer: ils sont persuadés d’être très bien comme ils sont, il n’y a rien à faire, parce qu’ils combattent systématiquement tout ce qui les envahit qui ne va pas dans leur sens. Autant les laisser dans leur coin à faire des utopies, toute interaction avec eux est une perte: de richesse, de temps ou d’efforts. Avantage à l’anarchie, qui les laisse tranquilles.

    Pour les Truands, il faut absolument les empêcher de dominer, parce qu’ils causent alors énormément de dégâts, y compris à eux-mêmes la plupart du temps. Ils sont bêtes et méchants, tout simplement. En fait, je crois qu’ils constituent à eux seuls la totalité de la criminalité résiduelle de toute société (c’est-à-dire en dehors de toute violence institutionnelle, accidentelle ou rituelle). Dans une anarchie, ce sont eux qui essaient de détrousser les passants et finissent la peau trouée par leurs victimes armées, se vidant de leur sang dans le caniveau. Là encore, avantage à l’anarchie (c’est un fait que la criminalité en anarchie est toujours plus faible, voire inexistante).

    Dans « Révolte sur la Lune », Robert Heinlein estime à 50% le nombre de gens qui ne parviendraient pas à survivre dans une anarchie du fait de leur bêtise ou de leur mentalité criminelle. Je pense qu’il était trop pessimiste, vue la criminalité ridicule et la mortalité relativement faible qu’il y avait au Far West.

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