Exercice de praxéologie
vendredi 26 décembre 2008 8 commentaires
Aujourd’hui, dans notre cours de praxéologie aléatomadaire et pour terminer cette année, revoyons un peu les notions abordées jusqu’ici en déroulant en entier un exercice simple de praxéologie.
Voici une situation relativement simple dans laquelle on observe des comportements humains qui ne sauraient s’expliquer sans certaines notions vues précédemment:
Vous vous trouvez dans une salle de vente, au cours d’une vente aux enchères où cinq exemplaires d’un objet très rare sont mis en vente. Le premier exemplaire part après une lutte épique entre trois grands collectionneurs, le second et le troisième sont emportés pour bien moins par les perdants du premier coup, le quatrième trouve un preneur inattendu (un non-collectionneur) à bas prix, et le dernier reste sur les bras du commissaire-priseur.
Avec une théorie de la valeur objective, ces comportements paraissent tout à fait déments puisque chaque exemplaire ne saurait avoir un prix différent des autres, et voir le même public acheter ou ne pas acheter la même chose au même prix est inexplicable.
Avec une théorie subjective mais non-marginale de la valeur, on ne peut pas non plus expliquer pourquoi le premier collectionneur se contente d’acheter un seul exemplaire alors que les autres sont bien moins chers et disponibles eux aussi, en particulier le dernier qui n’est même pas vendu.
Mais si l’on analyse le comportement de chaque acheteur (ou non-acheteur) individuellement à la lumière du marginalisme, de l’asymétrie d’information et des coûts de transaction, ce résultat devient limpide:
- Le premier collectionneur ne sait pas, au départ, combien d’autres collectionneurs il y a dans la salle et combien ils sont disposés à avancer pour se procurer un exemplaire. Pour le découvrir, il lui faut monter les enchères et observer les réactions des autres acheteurs.
- Les seconds et troisième acheteurs passent par la même étape que le premier, c’est pour cela qu’ils montent les enchères eux aussi sur le premier exemplaire: ne pouvant pas savoir s’il y aura plus d’exemplaires en vente que d’acheteurs, ils sont obligés de monter les prix jusqu’à la limite de leur propre utilité marginale.
- Puisque cette utilité marginale est différente pour chacun des collectionneurs, le prix s’arrêtera entre l’utilité marginale du second et celle du premier, c’est pourquoi l’un des collectionneurs remporte l’objet plutôt que les autres.
- Lorsqu’il emporte la première enchère, ce premier gagnant obtient toutes les informations qu’il lui fallait: il sait dès lors qu’il y a deux autres collectionneurs, et que ni l’un ni l’autre n’est disposé à avancer autant d’argent que lui. Il paie très cher le premier objet, car ce prix élevé contient les coûts de transaction requis pour obtenir ces informations.
- Pour la seconde enchère, les collectionneurs restants savent désormais qu’il y a moins de collectionneurs que d’objets en vente, donc ils n’ont plus besoin de faire monter les prix. Ils paient peu car les coûts de transaction ont déjà été payés par le premier collectionneur.
- Le quatrième objet est acheté par un non-collectionneur, qui l’acquiert par calcul: depuis la première enchère il a un bon aperçu de l’utilité marginale de cet objet pour les collectionneurs qui s’y intéressent. C’est l’occasion de parler de coût d’opportunité: puisqu’il est présent et qu’il a déjà obtenu les informations nécessaires, il achète le quatrième exemplaire (parce qu’il n’y a alors plus de collectionneurs pour lui faire concurrence), en espérant le revendre à un potentiel quatrième collectionneur absent, à l’avenir, profitant ainsi d’une situation qui, sinon, coûterait cher à reproduire.
- Ce faisant il est pourtant le seul non-collectionneur de la salle à agir ainsi, ce qui peut s’expliquer de la même manière: les autres non-collectionneurs ne veulent pas payer le coût d’opportunité qui consiste à se priver d’une partie de leur argent (en quantité finie) alors que d’autres objets, qui les intéressent personnellement, vont être mis en vente juste après. C’est pour cette raison que personne n’achète le dernier exemplaire.
Liens pour retourner aux explications plus détaillées de ces notions: marginalisme des prix, asymétrie d’information, la nature informationnelle du commerce, la valeur des choses.
Je ne nie pas la valeur de ton exposé, notamment pour son côté synthétique, mais je trouve qu’il omet plusieurs notions :
– les collectionneurs ici présents sont au fait du fonctionnement de ce genre d’enchère, et souhaitent éviter que les prix s’envolent. Un accord tacite s’opère donc pour minimiser le coût d’information, notamment en procédant par une évolution lente de l’enchère dans ce cas. En effet, le but est de savoir combien de collectionneurs sont sur le coup, à moindre frais. Si ce nombre est effectivement inférieur aux nombres d’objets mis en vente, la valeur marginale va baisser d’un coup. Autant on est près à payer cher pour être sûr d’acquérir un objet si on voit que le nombre de collectionneurs avides est supérieur au nombre d’objets désirés (en fait à hauteur de la valeur marginale subjective pour le coup), autant l’aspect « tactique » s’engage si on s’aperçoit qu’il n’y a que 4 collectionneurs ou moins pour 5 objets, personne ne voulant être celui qui se fait « arnaquer » en payant seul le coût d’information ; le prix unitaire devrait se « lisser » avec juste le léger surcoût lié à l’acquisition de cette info spécifique pour la première enchère (surcoût quand même bien inférieur à la valeur marginale) (info acquise pendant l’enchère et non une fois celle-ci consommée).
bien sûr, tout cela s’appuie sur des comportement rationnels
– bien sûr, le modèle est simplifié et ne tient pas compte des aspirations « étalées » sur plusieurs objets par rapport à un budget global donné.
– on ne développe pas beaucoup l’importance de l’information « pré-acquise » quant au « coût d’opportunité » par ceux, non-collectionneurs, qui souhaitent seulement faire un investissement, et comment ils vont concurrencer les collectionneurs.
Oui, comme je le précise, ça reste simple.
Ils étaient animistes ou totémistes
mazdéens manichéens
taoïstes et bouddhistes
confucianistes ou shintoïstes
védistes brahmanistes
tibétains tantristes
païens panthéistes
chaldéens corinthiens
sadducéens ou pharisiens
polythéistes ou gnostiques
kabbalistes esséniens
héraclitéens sophistes
pythagoriciens philistins
néoplatoniciens aristotéliciens
judaïstes ou égyptiens
romains byzantins
éphèsiens ou babyloniens
épicuriens ou futurs franciscains
chrétiens soufistes
musulmans protestants
mérovingiens trappistes
théologiens thomistes
déistes cartésiens
pascaliens jansénistes
classicistes ou modernistes
shakespeariens puis raciniens
égotistes monarchistes
voltairiens rousseauistes
hégéliens ou kantiens
idéalistes matérialistes
robespierristes saint-justiniens
goethéens empiristes
républicains économistes
humanistes faustiens
hugoliens puis symbolistes
rosicruciens méthodistes
nietzschéens nihilistes
nationalistes dostoïevskiens
capitalo-communistes
socialo-anarchistes
scientistes évolutionnistes
darwiniens bergsoniens
néophénoménologistes
impressionnistes puis expressionnistes
proustiens kafkaïens
intimistes maniéristes
archivistes sadomasochistes
stakhanovistes pavloviens
hygiénistes eugénistes
marxistes trotskistes
tankistes spartakistes
léninistes grammairiens
staliniens maoïstes
fascistes totalitaristes
collectivistes ou individualistes
et même keynésiens dirigistes
surréalistes cruciverbistes
dadaïstes antipapistes
tiers-mondistes ou colonialistes
sartriens ou camusiens
existentialistes psychanalystes
jungo-lacano-freudiens
structuralistes ou deleuziens
légalistes linguistes
activistes syndicalistes
moonistes puis scientologistes
logisticiens humanitaristes
comédiens syncrétistes
oniristes néoréalistes
publicistes situationnistes
manifestants alarmistes
minimalistes conceptualistes
artistes parfois fumistes
postmodernistes moralistes
généticiens ou écologistes
journalistes arrivistes
écrivains corporatistes
concertistes passéistes
fabulistes futuristes
spiritualistes néorationalistes
astro-météorologistes
astrophysiciens radiesthésistes
onanistes progressistes
attentistes pacifistes
interventionnistes onusiens
fatalistes ou optimistes
informaticiens affairistes
indépendantistes européens
mitterrandiens gaullistes
analystes de Tintin
mondialistes martiens
terriens africains
maghrébins nordistes
sudistes amérindiens
américains travaillistes
libéraux néofascistes
ou encore libertariens
lobbyistes terroristes
palestiniens ou israéliens
gouvernementalistes islamistes
hédonistes je-m’en-foutistes
sagouins ou normaliens formalistes
cavistes bordelaisiens ou bourgognistes
bordelistes ou vertuistes
néozapatistes et même babouins
Et chacun
même si certains sont devenus tristes ou des moins que rien
chacun a détenu une part infime de vérité
mais tous ont voulu convaincre la majorité de leurs erreurs
alors demain c’est certain
tous seront comme moi
tous détiendront presque toute la vérité
mais aucun ne cherchera à en convaincre quiconque
aucun ne risquera d’imposer ses erreurs
tous seront enfin réconciliés
les cuirasses désuètes voleront enfin en éclats
les hémisphères s’enchanteront de coopérer
les contraires seront disqualifiés
chacun jouira de son soleil et les nuits seront douces à boire
chacun choisira sa voie sans souci du lendemain
chacun ne s’occupera que d’unifier sans cesse son infinité psychique
sans oublier son voisin
car tous
tous seront enfin magnifiquement humains
tous seront harmonistes
et tant pis si je m’illusionne
c’est toujours plus amusant de l’espérer
« tous seront enfin réconciliés »
Jamais. Eris règne sur ce monde 😛
En citant Eris,Comme d’habitude vous ne voyez que l’aspect négatif,vous êtes sûrement un pessimiste.(Le pessimisme nie le progrès de la civilisation et de la nature humaine).
Je vous rappelle car vous semblez l’oublier qu’Héracles l’avait choisi.
Elle était la personnification de « l’émulition ».
La définiton du mot EMULER: Se dit d’un système pouvant fonctionner comme un autre système à travers des fonctions pour lesquelles il n’avait pas été prévu à l’origine, sorte de compatibilité a posteriori.
C’est vous qui associez Eris à un aspect négatif, pas moi. Le chaos et la discorde sont au contraire des notions positives, comme le savaient les grecs anciens de la période démocratique. Pour la distinguer des connotations négatives de la période tyrannique, dont vous vous faites l’écho, il leur arrivait de lui donner le nom Enyo, d’ailleurs.
Le chaos est en effet d’origine grecque mais il signifie gouffre, abîme.Pas très positif je crois.Plutôt noir, quoique pour un anarchiste ca vous bien comme couleur.,
Le Chaos désigne aussi, dans la pensée grecque classique, la confusion originelle.
La discorde est, dans la mythologie romaine, à l’origine des guerres, des querelles, des dissensions.Une fois encore je ne vois pas trop le côté positif aussi, mais bon ce n’est pas le sujet.
Comme le disait Eris elle-même, les Grecs avaient, disons, certains problèmes de digestion. Chez les Romains, le nom d’Enyo est devenu Bellona, si je me souviens bien.
Je ne vois pas non plus le problème à associer chaos et confusion. La confusion est extrêmement salutaire, elle est le passage obligé (et répété) vers une meilleure compréhension du monde. Pareil pour les querelles et les dissensions: il n’y a pas d’équilibre dans un système complexe, seulement coordination des déséquilibres, et les dissensions en font partie. Sans cela, nul progrès, nulle vie. Si tout est clair et connu, à quoi bon se poser des questions ?