Confusion et hypocrisie

Une photo en noir et blanc, teintée de rouge, d’un enfant manifestement africain, unijambiste et appuyé sur des béquilles. En fond, en rouge encore: « Tu rembourseras ta dette avant d’avoir un hôpital ».

C’est la dernière affiche du CCFD, Comité Catholique contre la Faim et pour le Développement, pour son annuelle campagne du Carême, qui avait déjà commis l’aberrant « tu mangeras quand tu seras compétitif » dont certains se souviennent encore (alors que l’agriculture du tiers-monde est tellement compétitive que nos états maintiennent la PAC pour « protéger » nos agriculteurs…).

L’enfant représenté sur cette affiche, qui est-il ? Pourquoi a-t’il une dette: qu’a-t’il emprunté, à qui, combien, et pourquoi ? Est-ce que l’argent de cette dette n’est pas justement l’argent qui aurait déjà dû construire l’hôpital en question ? Pourquoi doit-il forcément « rembourser » avant ? Et rembourser qui ? Qui est supposé lui « donner » un hôpital, après ?

On a dépassé depuis longtemps les frontières de l’absurde… C’est la confusion habituelle des bien-pensants-mais-mal-agissants: confondre la victime et les exploiteurs qui prennent des engagements en son nom et contre son intérêt. C’est l’hypocrisie omniprésente de notre époque: essayer de faire culpabiliser le spectateur pour lui faire cracher des biftons, au lieu de s’attaquer aux vraies causes du problème.