La SNCF est ruinée

Le réseau de transport par chemin de fer français est composé de deux entités appartenant à l’état français: la Société Nationale des Chemins de Fer (SNCF) et Réseau Ferré de France (RFF). RFF, ce sont les voies ferrées et du matériel d’entretien, tandis que SNCF ce sont les trains, les cheminots et aussi les employés qui utilisent le matériel de RFF pour entretenir les voies de RFF. Dans les faits, RFF fonctionne exactement comme une filiale de la SNCF.

La situation d’endettement de ces deux entités est telle qu’ils sont tous les deux en dépôt de bilan irrévocable et inévitable, jugez plutôt:

  • Ensemble, la SNCF et RFF sont endettés à hauteur de 42,5 Milliards d’euros (7 Milliards attribués à la SNCF + 8,8 Milliards à son service de désendettement + 26,7 Milliards pour RFF).

  • Cette dette représente plus de trois siècles de revenus (130 millions d’euros par an) pour la SNCF (qui est la seule source de revenus de RFF), mais en à côté la SNCF dépense déjà beaucoup plus qu’elle ne gagne: 12 Milliards de déficit s’ajoute à la dette chaque année, mais sont épongés… par vous et moi à travers l’impôt: chaque Français paie donc environ 185 euros de taxes, redevances et impôts par an pour la SNCF et RFF, avant même de prendre le train !

  • SNCF/RFF est ruiné, sans le moindre espoir de rétablissement: aucune privatisation n’épongera une dette aussi colossale, pas plus que l’état français qui est tout aussi ruiné. C’est une catastrophe égale à Enron, qui attend seulement d’éclater, et qui condamne dès aujourd’hui à la misère des dizaines de milliers de retraités et futurs retraités du rail.

    Edit: L’analyse ci-dessus est basée sur les chiffres de 2004-2005, une analyse basée sur des chiffres plus récents, proposée par notre cher lecteur Liberta, montre que la dette cumulée entre SNCF, RFF et SAAD atteint au minimum 50 Milliards d’euros environ, et probablement plus encore: la situation s’est donc encore détériorée ces deux dernières années, l’état n’a rien fait pour se sortir de la m…de et sauver les retraités du rail 😦

    Mais je crois savoir que ces derniers-ci sentent déjà que quelque chose ne va pas, et ils ne pardonneront pas.

    À propos jesrad
    Semi-esclave de la République Soviétique Socialiste Populaire de France.

    35 Responses to La SNCF est ruinée

    1. C’est un drame. Et le pire c’est que ce n’est pas une fatalité. aujourd’hui, les CFF, chemins de fer fédéraux (suisse) viennent d’annoncer un superbe résultat pour l’année. (pour info)

    2. nicolas says:

      De toute facon en France, y a milles raisons de faire la revolution.
      Les plus enerves ont deja commence.

    3. Liberta says:

      Bonjour,

      Excellent sujet, qui m’a ouvert les yeux. Je ne pensais pas que c’était si grave. Et puis, comme j’ai fait un peu d’analyse financière dans ma vie, je me suis dit que l’exercice pouvait être drôle. J’ai donc regardé le rapport annuel 2005 de la SNCF (le 2006 ne semble pas encore disponible). Je vous fait entière confiance mais un libertarien (et un discordien que je ne suis pas encore) ne croit pas tout ce qu’il lit meme si cela vient de source sûre.

      Le RA

      Cliquer pour accéder à SNCF_FR-Rapport-Financier-2005.pdf

      Je signale en préambule que l’exercice auquel je me livre est très grossier, tout à fait critiquable et que les comptes consolidés d’une boîte « normale » ne rendent que par partiellement compte de la réalité de l’exploitation d’une société. Et la SNCF n’est pas une boîte normale. En revanche au niveau de la dette, c’est plus fiable, les banquiers faisant relativement attention à ce qu’ils prêtent.

      Que voit dans le bilan consolidé 2005, :

      – 16.8Md (.540+.248+16.045) + de dette financières
      + 4.2 Md de disponibilités, valeurs mobilières et « comptes d’actifs » (?, à revoir)
      soit -12.6 Md de dette financière nette

      Qu’a t’on en face :
      + 4.8Md de fonds propres
      + 1.8Md d’excédent brut d’exploitation (EBE, = CA- charge de personnel -coût des matières nécessaires au cycle d’exploitation, une première approche grossière du cash généré par l’exploitation)
      + .836 de résultat d’exploitation (REX)
      – .393 flux de trésorerie libre (j’ai pris les flux liés à l’activité, 1.6Md, et le solde d’acquisition/cession d’immobilisation (CAPEX, modulo les investissements financiers/fusions acquisition qui ne sont pas détaillés mais qui doivent être microscopiques). Le calcul est critiquable mais bon je suis pas si méchant que ca et 2004 semble du meme ordre.
      AIE première alerte… les cash flows ne sont pas au RDV.

      Première conclusion : on a un taux d’endettement (« gearing », dette nette / fonds propres) de 260-270%. Les banquiers sont sensés s’inquiéter avant. Par exemple un taux > 100% signifie que les banquiers financent plus l’exploitation que les actionnaires: en général, ils aiment pas trop. Bon en retenant le REX, la SNCF peut repayer sa dette en 15 ans. Avec l’EBE c’est 7 ans. C’est déjà beaucoup, on est au seuil de ce que beaucoup de créanciers considèrent comme un niveau de détresse financière pour les secteurs aux résultats les plus récurrents (énergie, services de l’eau). Certains voient meme ce seuil avant cela.

      Bon, les comptes c’est sympa mais il ne faut pas oublier de réintégrer ce qui a été mis sous le tapis. je lance quelques pistes :
      – 6.8 Md de « créances sur RFF » à l’actif. Ben ca, je pense que tout créancier, nouvel actionnaire potentiel, il le barre, car effectivement RFF et SNCF ne font qu’un en fait. On y reviendra.
      Impact : Les capitaux propres sont directement impactés : ils tombent à -2.0Md. Pour une entreprise industrielle c’est pas trop grave encore, pour peu qu’il y ait pas trop de dette mais un établissement financier aurait été mis sous tutelle bien avant cela. La dette nette reste à -12.6Md.
      – 4.2Md (+ ou -) sur les flux d’exploitation (EBE, REX et flux de trésorerie libres), p 16 : le très intéressant chapitre « subventions et compensations de charge financières et sociales [par l’Etat] » est pas loin de ruiner tout espoir que l’on pourrait nourrir sur les gains possibles que la SNCF pourrait réaliser au niveau de l’exploitation : 4.2Md d’aide de l’Etat sur l’année 2005 ! Pas mal de retraite et un « Service Annexe d’Amortissement de la Dette » (« SAAD »). Hin hin on comprend mieux pourquoi le résultat financier à sur le compte de résultat conso est pas si calamiteux (-303M, ce qui ferait par exemple un taux de 5% sur une dette de 6Md nette des actifs financiers détenus , alors qu’on est en train de voir qu’on en est à beaucoup beaucoup plus)
      – 10Md de retraites et prévoyance qui sont (comme c’est relativement traditionnel) hors bilan. donc on rajoute à la dette obtenue sur les chiffres du bilan
      – 26Md de dette nette de RFF. Je garde ce chiffre mais il pourrait être légèrement pire. il est amusant de noter que les créances sur RFF représentent 6.8Md sur l’actif de la SNCF mais ne représentent qu’ 1.2Md sur les comptes de RFF. J’ai pas cherché mais je veux bien que quelqu’un m’explique.

      Notons aussi les – 6.8Md de dette d’exploitation nette des créances d’exploitations. C’est déjà dans le bilan, donc pas d’impact a priori sur les chiffres plus haut mais c’est étrange cet écart… Que s’est il passé, des stocks dépréciés? Bon allez je prends mon courage à deux mains, en regardant la note 19, je vois 4.4Md de « subventions d’investissements ». Bon dans le privé ce serait probablement de la dette financière! J’ai bien envie de les rajouter à l’addition les 4.4Md…

      Voilà, une première approche, c’est assez vertigineux. Avec les chiffres ci dessus le passif à combler pourrait être de l’ordre de 50-55 Mds d’euros et encore une fois à voir l’exploitation c’est pas près de s’améliorer. Allez une petite note d’espoir, Air France n’allait pas très bien non plus, il y a 10-15 ans… mais sur des chiffres probablement moindres. Donc un moment, faudra prendre les problèmes à bras le corps et affronter la « vérité » des chiffres.

      N’oublions pas que l’analyse financière n’est pas une science exacte et que j’ai fait l’exercice à la volée. Si quelqu’un veut corriger et/ou expliciter des chiffres, qu’il n’hésite pas. Le débat contradictoire fait aussi partie de l’exercice.

      Amitiés libertariennes,

    4. Liberta says:

      je me permettrai de rajouter ceci. Prenons la SNCF pour ce qu’elle est, une administration financée par l’Etat pour l’essentiel de son activité et pas une entreprise. Dans les notes d’espoir je rajouterai France Telecom qui allait pas si bien que ca il y a 5 ans (70Md d’euros de dette à cause de l’Etat qui ne voulait pas financer son développement et l’a laissé s’endetter et à un management boulimique d’acquisitions très chères).

    5. Liberta says:

      Ooops, j’oubliais, pour France Tel. L’Etat voulait pas financer son développement car ca impliquait d’injecter de l’argent (ressource rare) mais ne voulait surtout pas se faire diluer au capital et donc passer le relais à de nouveaux actionnaires (pour cause patriotisme économique avantl’heure). Donc la seule source de financement pour un management de surcroît très ambitieux, c’était la dette…

      Désolé pour ma « monopolisation » de l’antenne.

    6. jesrad says:

      Y pas de mal, merci pour les infos 🙂

      Je m’étais basé sur les chiffres de l’exploitation 2004-2005, sur l’enquête parlementaire de Hervé Mariton pour 2005 sur le financement des transports publics, et ce fil de discussion.

      En fait je crois que je me suis trompé en lisant, c’est 323 millions d’euros et pas 130, donc environ 132 ans de revenus net plutôt que 326 pour rembourser (si le calcul inclut bien le service de la dette actuelle)… à condition que les contribuables continuent de raquer à hauteur de 11-12 milliards d’euros chaque année. Ce qui signifie 1579 Milliards d’euros de taxes étalées sur 132 ans ? En attendant la SNCF nous coûte 775 000 chômeurs 😦

    7. Liberta says:

      Je vous en prie, avec plaisir!

      323M ca ressemble au résultat net 2004, mais bon comme vous le dites très bien, ca fait pas lourd et ca ne veut pas dire grand chose. Les commandes/refacturations publiques représentent 6.2Md (p15 du RA 2005, y a un peu de tout là dedans quand même, j’avoue ne pas tout comprendre à certains postes), les subventions 4.2 Md , plus deux trois trucs dans les tiroirs, on doit effectivement tomber pas loin des 11-12 Mds de contribution annuelle des contribuables.

    8. jesrad says:

      Oui, enfin, je m’accroche au résultat net parce qu’en partant du résultat net et en soustrayant les diverses contributions publiques, on arrive au « vrai » résultat net: c’est bien le même raisonnement dans votre analyse et la mienne, non ? Si la SNCF n’avait pas cette manie de faire passer les subventions et contributions publiques dans les recettes d’exploitation, on n’en serait pas là 🙂

      Autre chose: si je me souviens bien, de nouvelles normes comptables vont s’appliquer, ou s’appliquent dores et déjà, aux entreprises publiques européennes (merci l’UE), qui mettent à jour toutes les manipulations financières entre RFF, SNCF et état français, révélant du même coup que la SNCF est en dépôt de bilan depuis déjà des années. Est-ce que le tout dernier record de vitesse de train, fort médiatisé en France, n’est pas une tentative de sauver les apparences et amortir le grand coup que cette nouvelle va porter à l’estime des français vis-à-vis du rail ?

    9. Liberta says:

      Oui, le raisonnement est exactement le même. Après on peut raisonner sur tel ou tel solde suivant ce que l’on veut mesurer (l’exploitation avant ou après l’impact des intérêts et des taxes).

      Les nouvelles normes comptables, les IFRS. Elles vont s’appliquer partout au niveau consolidé (groupe) des grandes et moyennes entreprises en France en 2007, 2008. C’est déjà fait pour les sociétés cotées depuis l’année dernière. Pour ce qui est des entreprises publiques, je n’en sais rien, et si ca se produit, je ne saurais dire quand. Ca va être intéressant en tout cas même si l’on ne peut exclure d’éventuelles acrobaties comptables.

      Quant au record de vitesse, ca je crois que c’est surtout pour Alstom, le fabricant des trains. Un autre sujet intéressant… Mais après il peut y avoir d’autres raisons…

    10. Liberta says:

      Merci beaucoup de faire référence à mes petits travaux. J’insiste auprès de toute personne qui s’y intéresserait de lire les précautions d’usage au préambule de l’analyse, à la fin et au commentaire n°4.

      Le rapport 2006, qui ne devrait pas tarder, sera probablement passionnant.

      Sinon, pour vous retourner le compliment, je réaffirme ici tout le plaisir que j’ai à vous lire Laurett et vous même et attends le prochain sujet avec impatience (sans vouloir clore celui-ci qui est très intéressant et sur lequel beaucoup d’autres choses pourraient être dites).

    11. Meuh² says:

      Une question me taraude: quelle solution à part le remboursement à très longue échéance par les contribuables?

    12. jesrad says:

      Il reste bien le dépôt de bilan pur et simple, et alors les créanciers iront pleurer. Les créanciers étant, dans ce cas précis… nous, les contribuables.

      Pile on paie encore et encore pour peut-être maintenir le service, face on a payé pour rien et on perd tout.

    13. A.B. says:

      Je vais me faire l’avocat du diable car il faut bien que quelqu’un s’y colle. En anarcapie les compagnies ferrovières touchent de l’argent des villes privées pour être reliées au réseau, ce qui permet à leur promoteur d’attirer plus de monde, de faire monter ses prix etc.

      Il n’est donc pas évident que les 185 euros par mois soient une perte. Praxéologiquement, on ne peut rien dire, peut-être qu’on y gagne, peut-être que non.

    14. jesrad says:

      C’est 185 euros par an, et je ne suis pas d’accord pour les payer. Le fait que des chemins de fer existent et fonctionnent, je m’en balance tant que je ne m’en sers pas: praxéologiquement, c’est une perte pour moi. On ne devrait pas me forcer à payer ce que je ne veux pas payer, tout simplement. Peut-être que d’autres y trouvent leur compte.

    15. A.B. says:

      Tu te sers du chemin de fer, c’est dans le prix des bien que tu achetes. J’aurais tendance a parier que vu comment c’est géré c’est une perte nette, mais stricto sensu on ne peut rien dire.

    16. Meuh² says:

      12 000 000 000€ / 65 000 000 ~= 185€

      Mais sur ces 65 000 000 d’habitants, tous ne sont pas contribuables…

      Et les transports gratuits de Monsieur Huchon en Ile-de-France?

    17. Franck says:

      A.B.: «Tu te sers du chemin de fer, c’est dans le prix des bien que tu achetes.»

      Et donc le coût est déjà contenu dans les prix de ce qu’on achète. En quoi serait-il légitime de payer en plus, via le racket fiscal?

    18. Mateo says:

      Si je me souviens bien, il y a 20 millions de foyers en France, ce qui nous fait donc 600€ (sic!) par foyer et par an…

    19. Mateo says:

      Rectification: le nombre de foyers français serait plutôt de 25 millions, ce qui nous ferait donc « seulement » 480€ par foyer et par personne…

      PS: enlevez-moi cet horrible « à dit », ça fait pas sérieux une telle faute d’orthographe! 😉

    20. Mateo says:

      Correction: il fallait bien sûr lire « par foyer et par an »…

    21. jesrad says:

      On ne peut pas l’enlever, ça fait partie du skin wordpress….

    22. A.B. says:

      >> A.B.: «Tu te sers du chemin de fer, c’est dans le prix des bien
      >> que tu achetes.»

      > Et donc le coût est déjà contenu dans les prix de ce qu’on
      > achète. En quoi serait-il légitime de payer en plus, via le
      > racket fiscal?

      a) je n’ai pas parlé de légitimité, tout impot est un vol cela ne fait aucun doute

      b) le chemin de fer diminue le prix des biens que tu achètes, ça ne légitimise aucunement le racket, mais cela me permet d’insister sur le fait qu’on ne puisse rien dire praxéologiquement sur l’interêt ou non du TGV. Il est économiquement impossible de savoir si nous y gagnons ou nous y perdons.

    23. Franck says:

      «Il est économiquement impossible de savoir si nous y gagnons ou nous y perdons.»

      Ben si… En tant que « contribuable », on est contraint de combler les pertes de la SNCF sans même jamais prendre le train. Donc on y perd.

    24. nicolas says:

      Oui AB, la il me semble que tu exageres largement les eventuels services offerts par la SNCF, y a qu a voir le deficite de la seule branche en « concurrence » le fret pour cette annee…

    25. James says:

      Par comparaison, au royaume-uni, un aller retour journalier pour Londres depuis la banlieue (30min environ) coute 30Eur / Jour. La carte annuelle coute pres de 6000 Eur / An.
      Par comparaison a Paris, depuis Massy, c’est 6 eur par jour l’AR …
      Je prefererai que le gouvernement britannique se serve d’avantage de l’argent du contribuable pour organiser les transports en commun meme si ca implique une dette significative telle que celle de la SNCF. Le recours a la dette n’est le plus grand mal qui soit. La desorganisation et le refus de l’etat de s’impliquer a des consequences bien plus grave pour le contribuable.

    26. Greig says:

      Pour ceux qui ne veulent pas payer les fameux 185 E (comptage discutable menfin passons) : Je n’ai pas de voiture. Je ne voie donc pas pourquoi je dois contribuer a l’entretien des feux rouges, aux panneaux de signalisation, au goudrons, au soins des conducteurs accidente (via la secu) etc…

      ou ptet que je le dois parceque s’est une question d’interet general, et que l’absence de routes me couterait plus, parceque ca serait le bordel economique et que ca me retomberait sur la gueule d’une maniere ou d’une autre.
      La SNCF perd de l’argent.
      Certe.
      Suprimons donc les trains => il faut au moins doubler toutes les routes et depenser chq anne qq miliards suplementaires en essence.

      Capige ?

      Chers amis, la logique liberale (ou libertarienne si vous preferez) n’est pas absolu, comme bien des logiques dans ce vaste monde.
      Le train ne peut pas etre rentable, mais il l’est indirectement pour toutes les externalites qu’il genere : il amene les gens au travail, transporte de touristes etc..

      think.

    27. Liberta says:

      A Greig

      Vous avez tout à fait raison, les théories et surtout les pratiques libérales/libertariennes ne sont pas parfaites. L’homme, l’individu est au coeur de cette affaire et même si le « marché » est plein de ressources et fait très largement mieux qu’un système centralisé (par qui? par quelques uns, ne l’oublions pas), l’erreur, les mauvaises prévisions, les destructions (souvent largement compensées par la création) de ressources, de valeur ne peuvent être complètement évitées. Il y aurait beaucoup à dire là dessus. je pense que le libéral est en général le premier à dire « je ne sais pas » là où le « collectiviste » et/ou le « socialiste » (ce ne sont pas des insultes!) plaque des conceptions a priori sur des réalités forcément complexes.

      Ce n’est pas tant que les théories libérales/libertariennes soient parfaites, il subsiste probablements des questions en suspens, des problèmes voire des contradictions internes mais je suis de plus en plus convaincu qu’il y en a beaucoup moins dans celles-ci que dans celles des « collectivistes » (qu’ils soient socialistes, conservateurs et/ou nationalistes). On pourra y revenir si nécessaire.

      En revanche les exemples que vous donnez me semblent sous estimer la créativité humaine à laquelle l’utopie libertarienne fait souvent référence. Encore une fois avec l’idée qu’on ne peut jamais complètement savoir comment les choses tourneraient si…

      Effectivement,la plupart des routes sont gratuites car départementales ou nationales. Gratuites? Ca veut dire en général que quelqu’un d’autre que l’utilisateur d’autre paie! Et donc la route serait favorisée (ou presque parceque ce que l’Etat ne prend pas sur la route, il le reprend au moins en partie sur la bagnole avec la TIPP).

      Mais il est pas du tout impossible de changer cet état de fait! Pourquoi ne pas installer des puces électroniques sur les automobiles et débiter les conducteurs au kilomètre (ou autre mesure) au profit des exploitants des voies routières qui fixeront les tarifs. A voir l’exemple londonien de la « congestion charge » (je sais c’est une taxe municipale, mais si c’était un exploitant privé le résultat n’aurait aucune raison d’être différent), on en serait plutôt à abandonner des routes qu’à les doubler.
      De plus certains assureurs commencent à procéder de même, à inclure dans le calcul de la prime/cotisation le kilométrage annuel (mesuré par une puce) de l’assuré. Il pourrait y avoir un bon moyen de mutualiser des efforts. Avec en plus la diffusion de système type GPS… tout cela semble très possible, d’un point de vue technique. Ou avec un système plus « low tech », on pourrait faire ce système de « péage » au niveau des stations services. On achète de l’essence et un droit de circuler qui sera réparti entre les exploitants (privés) des 300 kms à la ronde…. si ceux-ci veulent bien procéder ainsi. La rencontre du besoin de circuler et du besoin de financer des infrastructures peut parfaitement se produire dans le cadre d’un marché et au plus grand profit de tous, y compris de ceux qui n’y participent pas et qui ce faisant, tirent la « demande » vers le bas.

      Et ce serait conforme à une sorte de morale assez libertarienne, ne pas déshabiller Pierre pour faire rouler Gérard…

      De façon plus générale, je me permettrais de suggérer de continuer à vous familiariser avec ces théories sur ce site mais aussi sur celui-ci (si vous ne le connaissez déjà):
      http://lemennicier.bwm-mediasoft.com/article.php?ID=63
      http://lemennicier.bwm-mediasoft.com/dossiers_info.php?ID=2

      où vous pourrez trouver d’autres idées qui non seulement diffèrent souvent des opinions communes mais qui peuvent aussi montrer que d’autres choses sont possibles si l’on croit à la créativité de l’homme.

      Un autre monde (plus ou moins) libertarien est possible…

    28. jesrad says:

      Je n’ai pas de voiture non plus, et je n’apprécie pas plus d’être obligé de payer pour les feux tricolores, panneaux, etc… qui au final causent plus d’accidents que s’ils n’étaient pas là. Je veux bien participer à l’entretien de la route en bas de chez moi, ainsi qu’à celle du réseau municipal du coin, même (et surtout) si les autres peuvent alors s’en servir sans payer.

      Mais c’est ça le truc: chacun doit pouvoir prendre cette décision individuellement. La majorité doit cesser d’infliger sa décision aux minorités.

      « Suprimons donc les trains »

      Personne n’a parlé de supprimer les trains. Avez-vous seulement lu l’article ? Il faut que la SZNCF arrête de perdre de l’argent, c’est tout.

      « Chers amis, la logique liberale (ou libertarienne si vous preferez) n’est pas absolu, »

      Si, elle l’est: allez voir ici. Le seul roblème de cette théorie, c’est qu’elle n’est pas intégralement connaissable d’emblée. Liberta: il n’y a pas de contradiction interne à la théorie libertarienne, sinon ce ne serait pas la théorie libertarienne, mais juste une variante approchante qui ne mérite pas ce nom 😉

      « Le train ne peut pas etre rentable, mais il l’est indirectement pour toutes les externalites qu’il genere : il amene les gens au travail, transporte de touristes etc.. »

      Restons logique: si c’est utile à l’employé d’arriver au boulot, qu’il paie son transport, puisqu’il y gagne. Pareil pour le touriste. Me faire casquer à leur place, c’est de l’esclavage. D’ailleurs le train peut être rentable, il l’est dans bien des pays.

    29. jesrad says:

      « Le recours a la dette n’est le plus grand mal qui soit. La desorganisation et le refus de l’etat de s’impliquer a des consequences bien plus grave pour le contribuable »

      En effet, d’ailleurs c’est sûrement pour ça que la situation est tellement plus catastrophique au Royaume-Uni qu’en France, pas vrai ? Ca doit être l’absence de toutes ces merveilleuses « externalités » dûes au train que le chômage est tellement plus élevé en Angleterre qu’en France…

      Quitte à comparer la SNCF avec un réseau ferré vraiment privé, allez voir plutôt en Suisse ou au Japon, plutôt qu’au RU, où le réseau n’est pas exactement libre ni privé.

    30. rfleblog says:

      D’ailleurs pourquoi si le train c’est si tellement bien, on interdit aux bus de concurrencer les lignes de trains. Droles d’histoires tout ca, parceque en amerique du nord, elles existent les ligne de bus, et ca coute pas cheres…

    31. Liberta says:

      Jesrad:

      Tout à fait d’accord. Cependant, je parlais des idées libérales et libertariennes au sens large (minarchistes, anarchistes libertariennes, utilitaristes, jusnaturalistes, etc) et m’adressais à quelqu’un d' »extérieur » (enfin je crois) à tout cela et que dans cet ensemble, des idées contradictoires (ou qui peuvent paraître telles) circulent (Etat minimal contre pas d’etat du tout par exemple). Il est déjà apparu qu’il y ait des libertariens ou se proclamant comme tels émettant des avis différents sur tel ou tel point.

      Je trouve aussi que le système proposé par M. Rothard est complet et cohérent. Ce qui ne veut pas dire qu’il n’y a pas de difficulté. Il y en a peut être que personne n’a encore vu jusqu’ici, sait on jamais, et il y en a d’autres que M. Rothbard s’est vu opposé et qu’il a surmonté (à mon sens) d’une manière ou d’une autre. Là, souvent, nous ne trouvons plus dans le cas de la contradiction interne (comme, peut être, au paragraphe précédent) mais plutôt dans celle de la définition de certains concepts comme le droit naturel (par exemple). Il y a des exemples où le droit naturel des uns pourrait rentrer en conflit avec celui des autres mais cela semble surtout être une question de définition ou d’interpretation et non une faille du système. Tout le monde ne voit pas forcément la même chose, tout le monde ne met pas le « curseur » au même point. C’est malgré tout surmontable, dépassable.

      Donc non il n’y pas de contradiction interne. Disons que des fois, une certaine prudence me fait probablement rester en deça de certaines propositions pourtant pleinement valides. C’est vraisemblablement du à ma connaissance limitée de la philosophie en général et de l’histoire des idées mais j’espère progresser.

      Amicalement,

    32. Capitainexa says:

      Pour rajouter un point à votre discussion, il ne faudrait pas oublier les retraites privilégiées des « cheminots » dont les sommes pharaoniques devraient, si j’en crois les normes comptables être provisionnées au bilan. Le vrai bilan est donc encore plus catastrophique. Comme d’habitude dans les services publics, une partie de ces dettes a été reversée de manière frauduleuse sur les caisses de retraite des salariés du privé qui touchent pourtant des retraites inférieures à responsabilité égale et en travaillant 1,5 fois plus. Hélas la faillite de la SNCF n’apportera rien puisque ce sera encore les contribuables qui paieront. Par contre on peut se poser des questions sur pourquoi on en est arrivé là. Le management de cette entreprise a toujours été une catastrophe, gérée par des X n’ayant aucune expérience de l’entreprise. Le pire de tous Roussely qui est à l’origine du système de retraite actuel et notre Président qui à l’époque a complètement loupé sa négociation avec la CGT pour obtenir une (fausse) privatisation contre le maintien du système de retraite. Il nous faudrait un Blanc comme pour AirFrance mais en plus musclé, pour redresser l’entreprise avant que la bombe nous pete au nez.

    33. laurett says:

      Je ne sais pas qui ou quoi, mais j’ai examiné, un an plus tard, le montant des engagements de retraite de la SNCF… et ils sont faramineux: 116 milliards ! Cela porte la dette totale SNCF/RFF/SAAD à 182,6 milliards.

      Edit: Et pan ! Laissez votre copine jouer avec votre portable tout neuf, et voilà: vous répondez avec son compte à elle aux commentaires sans vous en apercevoir…

    34. BastOoN says:

      Selon un audit commandé en septembre 2004 par la SNCF et RFF, l’état du réseau ferré français serait alarmant. Les experts ont notamment relevé une baisse tendancielle de la part des dépenses d’entretien affectées au réseau classique et un déséquilibre entre les dépenses d’entretien et les dépenses de renouvellement, la part des renouvellements, qui permettent de réduire sensiblement l’entretien courant, étant nettement plus faible que sur d’autres réseaux européens. La charge de la remise à niveau du réseau est évaluée à 15,3 milliards d’euros sur dix ans. (source Wikipédia France, à surveiller donc)

    35. Mateo says:

      Mais voyons BastOon, tu sais bien que vu que la SNCF est une entreprise publique, et non une sale entreprise privée aux mains des affreux capitalistes spéculateurs mangeurs d’enfants, la sécurité est au top du top! Voyons, voyons…

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