Anarchie en Somalie

Comme la Tchéquie, la Somalie n’a pas de gouvernement. En fait, il n’y a même plus d’état à proprement parler depuis la guerre de 1991 et l’échec des mesures de l’ONU. L’Union des Cours Islamiques a bien conquis la capitale, Mogadiscio, mais il n’y a pas d’impôts (leur soutien est entièrement volontaire, et de toute façon la population est farouchement opposée aux impôts) et leur principale activité est caritative; surtout, ils ont annihilé l’emprise des chefs de guerre qui malmenaient les habitants depuis 15 ans. Le pays n’est pas uni, ni dirigé. Il n’y a pas d’autorité centrale ni de véritable hiérarchie, à part de vagues références à des gouvernements auto-déclarés du Puntland et du Somaliland, deux régions du pays.

Et pourtant … les webcafés ont fleuri dans la capitale (100000 points d’accès au réseau), la téléphonie mobile se développe (500000 abonnés chez trois compagnies dont les tarifs sont parmi les plus bas de la planète), il n’y a pas de famine et le pays se permet même d’exporter massivement le produit de sa pêche, de son agriculture et de ses élevages, on trouve de tout, même des gadgets électroniques, au marché. Il n’y a pas de monnaie officielle, ce sont les banques locales qui impriment leurs propres billets et acceptent aussi les dollars US, tout en fournissant des services modernes de paiement et d’investissement, cinq compagnies aériennes continuent de se développer, il n’y a pas de police, ce sont des milices privées ou volontaires qui protègent les habitants. Il n’y a pas d’armée, mais les entreprises qui affrètent des bateaux organisent elles-mêmes des patrouilles maritimes, et la piraterie a fortement chuté en conséquence. Les clans tribaux fournissent des services d’arbitrage, de protection des personnes et d’assurances/crédits. L’illetrisme est toujours un problème dans le pays, mais plusieurs universités ont ouvert pour former les médecins, ingénieurs et futurs travailleurs qualifiés du pays (les diplômes ont la valeur que veulent bien leur accorder les employeurs ou clients).

D’après Tatyana Nenova et Tim Harford, économistes de la Banque Mondiale, le pays se permet carrément d’avoir un PIB par habitant plus élevé, et un taux de pauvreté plus bas, que ceux des pays africains les plus riches. Des compagnies étrangères s’installent dans le pays, la polio a été éradiquée (mais quelques cas sont réapparus récemment) et le Sida y est quasiment inconnu, l’immobilier est en plein essor…

Bien sûr le pays est toujours violent, l’Union des Cours Islamiques a instauré la Shariah dans la capitale, l’éducation des enfants et des femmes est presque inexistante, la censure a refait son apparition. Le pays pourrait sombrer dans la théocratie islamiste, façon Talibans, si les habitants se laissent faire (70% de la population est armée), ou être envahi par l’Ethiopie…

À propos jesrad
Semi-esclave de la République Soviétique Socialiste Populaire de France.

5 Responses to Anarchie en Somalie

  1. Ankuetas says:

    Mouais, tu dirais ce que tu voudras, mais ça m’a pas l’air de l’anarcapie parfaite…plus de sources?

    (hello, i’m back! 🙂 )

  2. jesrad says:

    Ce n’est pas une anarchie partout, et le taux de criminalité reste élevé, y compris surtout la criminalité organisée (de type étatique ou proto-étatique, donc). Ce qui est véritablement intéressant, par contre, c’est que la Somalie s’en sorte mieux sans état qu’avec.

    Pour les sources, il y a des liens dans l’article, sinon je peux proposer ceci, cette page de Wikipedia, cet article intéressant mais biaisé en faveur de l’état dans lequel le journaliste s’offusque du refus des Somaliens de payer des impôts et de se soumettre à une autorité centrale.

    Sinon, il y a cet indispensable dossier du National Geographic.

  3. Ankuetas says:

    Mmh, je vois.

    Merci! 😉

  4. abelcadere says:

    Jesrad je suis MDR!!serais tu cocainé?Mogadiscio le rêve et tes vacances à bon prix .

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