Délire génétique et immigration en France
jeudi 20 septembre 2007 4 commentaires
Avec la baisse du prix des tests génétiques de paternité, certains politiciens se croient équipés pour lutter contre la « fraude à l’immigration ». C’est ainsi: donnez un marteau à un homme de pouvoir, et il se met à voir des clous partout.
Le problème (en dehors des nombreuses objections éthiques qu’on pourrait soulever sur tout contrôle de l’immigration), sur le point de se muer en tragédie, c’est que ces tests sont loin d’avoir la fiabilité qu’ils s’imaginent. Ils fonctionnent en découpant l’ADN à des endroits précis, qui sont des suites de molécules d’un certain type et d’un certain ordre (une douzaine de motifs), puis en comparant les nombres de morceaux de chaque même taille. Un peu comme si on comparait deux phrases en comptant dans chacune le nombre de « a », de « b », de « c » etc… Loin d’être la « silver bullet » qu’on dépeint à la télé dans des fictions policières, ces tests ont une fiabilité inférieure à 99,67%. Autrement dit, un cas sur 300 peut être faux. À l’échelle d’un système judiciaire national, c’est déjà significatif, alors si c’est systématisé le nombre de faux positifs ou faux négatifs va se compter en centaines ou en milliers.
Mais le second problème est encore plus grave, puisqu’il s’agit ici de comparer les ADNs d’individus entiers différents, et pas simplement de comparer des échantillons similaires venant de la même personne. C’est le problème très sous-estimé et mal-connu du chimérisme humain: la fusion de deux (ou plus ?) ovules fertilisés à la conception, qui entraîne un mélange de cellules ayant des ADNs différents dans le même corps. Il y a déjà eu au moins deux cas entraînant des complications judiciaires ou médicales complètement imprévues.
Pour le biologiste Charles Bocklage de l’Université de Caroline de l’Est, chercheur spécialisé en étude des jumeaux, la fréquence de ce phénomène est très largement sous-estimée car il est quasiment indétectable sauf dans les cas judiciaires ou médicaux assez tordus. Selon lui il pourrait y avoir jusqu’à 15% de la population qui se balade avec plus d’un type d’ADN dans le corps ! Si cela se vérifie, ça pourrait fortement remettre en cause les résultats supposés des tests de paternité « civils » déjà pratiqués aux USA et en Allemagne, et surtout mettre par terre les plans de M. Mariani.
Ping: Irène Delse » Fichage ethnique, tri ADN
Sans oublier le fait qu’une bonne proportion des enfants ne sont pas de leur père officiel…
Il me semble bien avoir lu qu’une étude de l’ADN des enfants et des parents au royaume uni avait révélé des taux d’enfants adultérins supérieurs à 10%…..
Bonjour le regroupement familial.
Juste parce que c’est dans les actualités: http://www.nytimes.com/2016/04/12/science/extra-marital-paternity-less-common-than-assumed-scientists-find.html?_r=0
Le véritable taux de non-paternité est plutôt de l’ordre de 1%, voire moins.
Quant au fait que le sperme humain soit de mauvaise qualité, ce serait un reste d’hybridation dans notre origine en tant qu’espèce.
Justement, je remets en question les résultats de ces études – pour lesquelles j’ai donné un lien en fin d’article – à la lumière des découvertes encore peu connues sur le mosaïcisme et le chimérisme humain. Au passage, définir la paternité en termes purement biologiques, c’est débile. Mais bon, ce n’est pas le sujet ici…